La Namibie compte une population de 28 000 éléphants répartis dans plusieurs aires protégées à l’instar du parc national d’Etosha situé à 400 km au nord de la capitale Windhoek et à 125 km au sud de la frontière avec l’Angola. Face à l’augmentation de la population d’éléphants et le conflit homme-faune qui s’accentue dans ce pays d’Afrique australe, le gouvernement a opté pour la vente de ses pachydermes.
Dans ce contexte, 22 éléphants viennent d’être exportés vers les Émirats Arabes unis (EAU). Ces mammifères font partie des 170 éléphants mis aux enchères en 2021 par les autorités namibiennes. La plupart ont été capturés dans la zone d’élevage commercial de Kamanjab, dans la région de Kunene avant d’être fournis à GH Odendaal, l’acquéreur qui les a fait exporter vers Abu Dhabi, la capitale émiratie.
En Namibie, les autorités sont dans l’impasse pour trouver un équilibre entre la protection des espèces de grande valeur comme les éléphants et les rhinocéros tout en gérant le danger qu’ils représentent lorsqu’ils empiètent sur les zones d’habitation humaine. Depuis trois ans, le pays a enregistré chaque année au moins 960 cas de destruction des cultures dont 923 ont été causés par des éléphants tandis que quatre personnes ont perdu la vie à cause de leurs attaques.
À en croire, le gouvernement de ce pays d’Afrique australe, les fonds générés par ces opérations, soit 5,9 millions de dollars namibiens (environ 500 000 dollars) permettra d’investir dans la conservation de la faune et le renforcement de la réglementation. « Avec l’exportation des 22 éléphants, aucune loi internationale ou nationale n’a été violée par l’État importateur ou l’État exportateur », assure Romeo Muyunda, porte-parole du ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme.
La réglementation absente ?
Si pour le gouvernement, l’objectif principal de la vente aux enchères était de réduire la population d’éléphants afin de soulager les communautés, les défenseurs de la faune quant à eux s’en offusquent. « Les éléphants ont un besoin fondamental d’environnements écologiques et sociaux stimulants et d’être libres de choisir leur nourriture et leurs compagnons. Ces besoins ne peuvent être satisfaits dans des conditions de captivité. Il n’y a pas de problème de surpopulation d’éléphants en Namibie. À notre avis, tout cela n’est qu’une question de profit », explique Michele Pickover, directrice de la Fondation EMS basée en Afrique du Sud, une organisation à but non lucratif.
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De son côté, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) a été modifié en 2019 pour interdire l’exportation des éléphants du Botswana, du Zimbabwe, de la Namibie et de l’Afrique du Sud vers tout pays où les animaux ne vivent pas ou n’ont pas vécu à l’état sauvage. Ce traité international adopté en 1973 exclut entre autres les ventes aux zoos chinois et américains. À en croire National Géographic, une vingtaine de ces éléphants capturés seront exportés bientôt vers des destinations qui n’ont pas été dévoilées.
Benoit-Ivan Wansi