Neil Greenwood, le directeur Wildlife Rescue du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), vient de prendre part à une opération de réhabilitation d’éléphanteaux sauvés des circonstances traumatisantes, au Zimbabwe. Au moins sept jeunes pachydermes ont été transférés de Harare vers une réserve, près des chutes Victoria, à l’ouest du Zimbabwe. Sur les contours de ce mécanisme à la fois délicat et complexe, l’écologiste répond aux questions d’Afrik21.
AFRIK 21 : Comment se porte la Nurserie pour éléphants du Zimbabwe (ZEN)?
Neil Greenwood : Tout se passe très bien. Et pour preuve, un certain nombre d’éléphanteaux ont été récemment transférés de la nurserie au centre de remise en liberté dans le cadre de leur plan de réhabilitation et de remise en liberté.
AFRIK 21 : Les jeunes pachydermes, sept au total, ont été transférés le 1er juin 2023, de Harare vers une réserve de remise en liberté près des chutes Victoria, à l’ouest du Zimbabwe. Soit un parcours de 1100 kilomètres. Nous imaginons que la logistique nécessaire à une opération pareille doit être considérable. À combien s’élève le budget d’une-t-elle opération ?
Neil Greenwood : La réhabilitation des éléphants est un exercice coûteux, le budget annuel de fonctionnement d’un tel processus, c’est-à-dire la réintroduction en toute sécurité de ces éléphants, depuis leur sauvetage jusqu’à leur remise en liberté, varie de 850 000 à 950 000 dollars américains par an.
AFRIK 21 : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez lors de ces opérations de réhabilitation d’éléphanteaux ?
Neil Greenwood : L’un des problèmes les plus complexes est le fait que les éléphants sont des animaux très sociaux qui ont besoin d’être intégrés dans un environnement de groupe pour assurer leur bien-être et leur développement. Les éléphants apprennent les modèles de comportement des autres membres du groupe ainsi que les subtilités du comportement social nécessaire. Les éléphanteaux sauvés sont sujets à des maladies liées au stress et il est donc essentiel de les stabiliser et de les intégrer dans la structure du groupe.
AFRIK 21 : Comment gérez-vous les conflits homme-faune au tour du ZEN ?
Neil Greenwood : Une collaboration étroite avec les communautés environnantes est essentielle dans la gestion des conflits homme-éléphant (CHE). Tous les éléphants qui passent par le processus de réhabilitation reçoivent des soins spécialisés afin d’éviter l’accoutumance. Dans la mesure du possible, les éléphants sont munis d’un collier pendant la phase de remise en liberté, ce qui permet à l’équipe de surveiller les mouvements et de s’assurer que les éléphants ne se trouvent pas à proximité des humains. À ce jour, il n’y a eu aucun incident de CHE avec les éléphants de la ZEN, ce qui indique que la gestion pendant les phases de réhabilitation et de relâchement s’avère efficace pour atténuer le CHE.
AFRIK 21 : Pourquoi avoir axé les activités de la ZEN sur les éléphanteaux orphelins, et non l’ensemble des éléphants victimes de braconnage ?
Neil Greenwood : Les orphelins qui arrivent au ZEN sont le résultat du braconnage, du CHE et d’autres incidents liés à l’homme. La ZEN ne se concentre pas uniquement sur les éléphanteaux provenant d’une seule source, comme le braconnage, mais plutôt sur les soins et la réhabilitation de tous les éléphanteaux qui ont été affectés par des actions humaines qui ont compromis leur bien-être et leur conservation. Les éléphants adultes victimes du braconnage et d’autres mécanismes ayant entraîné des blessures sont généralement traités in situ, car il est à la fois dangereux et impossible d’amener des éléphants adultes dans un environnement contrôlé tel qu’un centre de réadaptation. Ces éléphants sont traités sur le terrain pour soigner les blessures par balle ou retirer les pièges, après quoi ils sont immédiatement relâchés.
Propos recueillis par Boris Ngounou