L’une des retombées du 33e sommet de l’Union africaine (UA) aura été indirectement les travaux d’aménagement et de propreté entrepris dans la ville hôte. En prélude à cet événement, qui se tenait du 4 au 8 juillet 2019 à Niamey, un budget d’un peu plus de 47 millions d’euros, soit 31 milliards de francs CFA, a été alloué aux travaux d’embellissement et d’assainissement de la capitale nigérienne, du moins concernant la partie que l’on veut bien montrer aux participants à la conférence continentale.
Si l’organisation de ce sommet a permis de commencer à changer le visage de la ville de Niamey, les autorités n’en sont pas restées là. Le 5 juillet 2019 à Niamey, les présidents des conseils des villes du pays et ceux des comités d’organisation des fêtes tournantes de toutes les régions ont échangé autour du thème : « Villes africaines et développement durable, cas du Niger : la renaissance urbaine ». Il s’agissait pour les participants à ce forum d’envisager les réalisations et les réformes importantes dans le domaine de l’urbanisme, notamment en ce qui concerne la fourniture de services et d’infrastructures efficaces à l’échelle des besoins des populations.
C’est en cette circonstance que le président de la Délégation spéciale de la ville de Niamey, Mouctar Mamoudou, a évoqué le « Grand Niamey ». Il s’agit d’un projet d’expansion durable de la ville, dans la perspective des défis qu’engendrent la démographie et l’exode rural. « Pour bien jouer son rôle de ville Capitale, pôle économique et carrefour régional, Niamey doit couvrir toutes les zones d’influence immédiates que sont les communes environnantes », a-t-il estimé. Et cela est possible, « à travers l’élaboration d’un schéma de cohérence territoriale (Scot), la création d’un établissement public de coopération intercommunal, un syndicat mixte ou une communauté de communes conformément aux dispositions des textes en vigueur », a soutenu le président de la Délégation spéciale de la ville de Niamey.
Niamey, une capitale qui croupit sous le poids sous les ordures
Si les solutions envisagées par les autorités nigériennes des villes sont salutaires, elles devraient tout de même se faire dans l’urgence. Car en dépit de l’ambitieux programme Niamey Nyala lancé en 2011 en vue de rendre la capitale nigérienne moderne et coquette, force est de constater que le bijou doré git sur une montagne d’immondices.
La population de Niamey, estimée en 2018 à 1 565 056 habitants, est répartie sur un peu plus de 200 000 ménages, qui produisent environ 1 000 tonnes de déchets solides par jour, soit 7 000 tonnes par semaine. Ces déchets sont difficiles à gérer par un système de collecte qui ne couvre que 50 % des quartiers de la ville. Conséquence : des dépotoirs sauvages naissent çà et là, à ciel ouvert. Outre la triste image qu’ils donnent de la capitale, ces tas d’immondices représentent un danger pour l’environnement ainsi que pour la santé humaine.
L’heure devrait donc être à l’action pour le Niger. Ce pays d’Afrique de l’Ouest est aussi interpelé par les défis de la démographie galopante. « Les villes africaines doivent accueillir plus de 60 % des populations d’ici les horizons 2025 et 2050. Pour l’Afrique, cela sous-entend une multiplication par 3 de sa population urbaine qui atteindra 1,23 milliard pendant cette période », a relevé le ministre nigérien des Domaines, de l’Urbanisme et du Logement, Waziri Maman, à l’ouverture des travaux du forum sur la renaissance urbaine du Niger. Pour le ministre Waziri, c’est aujourd’hui que les villes africaines doivent investir dans les infrastructures de base, les services sociaux (santé et éducation), l’habitat bon marché (accessible aux couches vulnérables) et dans la création d’emplois.
Boris Ngounou