Au Niger, l’entrepreneur China Gezhouba Group Company (CGGC) annonce l’arrêt des activités sur le site du projet hydroélectrique de Kandadji sur le fleuve Niger. Cette annonce fait suite au coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum.
Alors que le Niger fait face à une crise énergétique sans précédent depuis le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023, l’entrepreneur China Gezhouba Group Company (CGGC) décide de suspendre les travaux de construction du barrage de Kandadji sur le fleuve Niger, près de la capitale Niamey. À la suite de ce coup de force, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union européenne (UE) et la Banque mondiale ont imposé des sanctions financières contre le Niger.
#Niger : CHINA GEZHOUBA GROUP annonce l'arrêt de l'ensemble des activités de construction de Barrage de #Kandadji et, de ce fait, la résiliation des contrats des travailleurs. Ce, en raison d'une force majeure liée au contexte sociopolitique actuel du Niger. #NigerCoup pic.twitter.com/6enjBXwDzd
— Ahmadou Atafa (@AhmadouAtafa) August 10, 2023
Cette situation rend « désormais impossible des décomptes pour l’entreprise », indique CGGC qui a lancé les travaux du barrage de Kandadji en 2019, après plusieurs années de retard. « Face à ce cas de force majeur, nous nous trouvons contraints d’arrêter l’ensemble des activités de construction au cours d’une semaine et de procéder aux résiliations progressives des contrats des travailleurs locaux », ajoute l’entreprise basée à Wuhan en Chine.
Un barrage polyvalent
Toutefois, « nous promettons de donner la priorité à nos travailleurs licenciés lors du recrutement une fois que la construction du barrage de Kandadji reprendra », promet CGGC dans un courrier adressé à l’Inspection du travail de la région de Tillabéri, où est construite la retenue d’eau. Cet arrêt est un véritable coup dur pour le Niger qui dépend encore à 75 % de son voisin nigérian pour l’alimentation de sa population et de son économie en électricité.
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La Banque mondiale qui a suspendu « toutes ses opérations » au Niger est le principal bailleur de fonds du projet d’aménagement hydroélectricité du Kandadji. En 2020, sa filiale, l’Association internationale de développement (IDA) y a accordé un prêt de 150 millions de dollars. Le projet dont le coût est estimé à 1,2 milliard d’euros est également soutenu par la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID) et l’Agence française de développement (AFD).
C’est l’un des plus grands projets d’infrastructure en cours au Niger. Il porte sur la construction d’une retenue d’eau de 28 m de haut sur une largeur de 8,7 km. Avec un réservoir couvrant une superficie de 2,28 km2, le barrage de Kandadji assurera l’étiage du fleuve Niger, réduisant ainsi la fréquence des inondations dans la capitale Niamey en saison des pluies. Plus important encore, la retenue est destinée à la production d’électricité à partir d’une centrale de 130 MW pour une capacité annuelle de 629 GWh, soit un bond de 55 % de la production nationale. Une partie de l’eau du barrage permettra également l’irrigation de 45 000 hectares de terres agricoles, même si le projet déplacera 50 000 personnes dans 24 villages.
Jean Marie Takouleu