À chaque fête de Tabaski, également connue sous le nom d’Aïd al-Adha, les rues de Niamey, capitale du Niger, se transforment en véritables marchés de bois de chauffe. Ce matériau est indispensable pour griller les moutons, un élément central des célébrations. Malheureusement, cette tradition festive entraîne une consommation massive de bois, estimée à plus de 50 000 tonnes en seulement 24 heures. La pratique qui s’est accentuée au fil des années commence à poser des problèmes environnementaux majeurs, notamment la déforestation massive et la désertification.
Les autorités nigériennes et les organisations non gouvernementales (ONG) tirent la sonnette d’alarme. La coupe excessive de bois contribue à la dégradation progressive des terres au Niger, pays déjà durement touché par les effets du changement climatique (sècheresses prolongées). Face à cette situation, des initiatives voient le jour pour sensibiliser la population et encourager des comportements plus respectueux de l’environnement.
Seulement 20% des terres sont arables
Depuis 2017, l’ONG Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE) mène une campagne de sensibilisation intitulée Tabaski Ecolo. Cette initiative vise à informer les nigériens sur les conséquences de l’utilisation intensive du bois et à promouvoir des pratiques durables. L’organisation distribue également des plantes de manguiers aux habitants de Niamey, les incitant ainsi à planter des arbres pour compenser la coupe abusive.
Les efforts de sensibilisation et de reboisement menés par des organisations comme JVE témoignent de la volonté de la société civile nigérienne de lutter contre la désertification et le changement climatique. En encourageant des pratiques plus durables, ces initiatives espèrent réduire l’impact environnemental des célébrations traditionnelles et protéger les ressources naturelles du Niger pour les générations futures.
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Le Niger figure parmi les pays les plus pauvres du monde. 85% de sa population vit avec moins de deux dollars par jour, ce qui les place en situation de pauvreté extrême. Environ 70% des Nigériens dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, mais les sols sont si appauvris que 94% des habitants vivent et cultivent sur seulement 20% des terres disponibles, selon les chiffres du programme alimentaire mondial (PAM). La sécheresse et l’érosion ont transformé le sol en une croûte dure, rendant la culture presque impossible.
Boris Ngounou