En Afrique, et particulièrement au Nigéria, les crimes perpétrés contre les vautours ont atteint la côte d’alerte. Ces oiseaux géants déclinent à des taux compris entre 70 % et 97 % sur trois générations, un intervalle de temps utilisé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), pour l’évaluation du statut de menace des espèces. Six des huit espèces existantes se trouvent principalement en Afrique alors qu’elles sont gravement menacées. Leur déclin se perpétue et l’UICN estime qu’elles sont susceptibles d’être qualifiées comme « en danger critique ».
La situation a été décrite mercredi 8 mai 2019 à Lagos, lors d’un atelier organisé par la Nigerian Conservation Foundation (NCF), en partenariat avec la BirdLife International, une ONG internationale ayant pour vocation la protection de la nature et celle des oiseaux en particulier. Les experts en conservation s’indignent de ce que le Nigéria soit devenu un point névralgique du commerce illicite des vautours. Des États comme Osun, Oyo, Ogun dans le sud-ouest et Kano, Sokoto et Katsina dans le nord, constituent les points chauds de ce commerce. Sur ces territoires, ces rapaces sont empoisonnés via des appâts. Les parties de leurs corps sont ensuite utilisées dans des pratiques de médecine traditionnelle, ou vendues au marché noir, dont les ramifications s’étendent à travers toute l’Afrique.
L’importance des vautours pour les écosystèmes
Les vautours, comme d’autres oiseaux, jouent un rôle essentiel pour le maintien des écosystèmes sains. C’est la raison pour laquelle, leur disparition pourrait avoir un impact sérieux sur les autres espèces et sur de nombreux bienfaits de la nature. « En plus de priver les cieux africains de l’un de leurs groupes d’oiseaux les plus connus et les plus spectaculaires, le déclin rapide de la population de vautours du continent a des conséquences profondes pour la population, car les vautours servent à enrayer la propagation de maladies en nettoyant les carcasses en décomposition », a déclaré Julius Arinaitwe, directeur du programme de BirdLife International en Afrique, vendredi dernier.
Toutefois, les experts pensent qu’il est encore possible de veiller à l’avenir de ces oiseaux magnifiques. Pour ce faire, les défenseurs de la faune collaborent avec les législateurs, les agences gouvernementales et les populations locales. Après avoir appelé le gouvernement à durcir la législation sur la protection des espèces fauniques, Le Dr Muktari Aminu-Kano, directeur général du NCF a indiqué que la fondation menait une campagne de sensibilisation auprès des médecins traditionnels sur les alternatives aux vautours, à base de plantes médicinales, et qu’elle cherchait à obtenir la collaboration des agences de sécurité pour faire appliquer les lois.
Par ailleurs, les parties prenantes à cet atelier soutenues par United States Fish and Wildlife Service (l’USFWS, un organisme fédéral des États-Unis qui s’occupe de la gestion et la préservation de la faune) ont financé un projet de deux ans intitulés « Combattre le commerce illégal ouest-africain de vautours menacés et de leurs parties à des fins de croyance ».
Boris Ngounou