L’Europe et les États-Unis envoient illégalement au Nigéria leurs déchets électroniques, chargés de métaux lourds. L’information vient d’être confirmée officiellement, à la fin du mois d’avril 2018, par l’Agence américaine de protection de l’environnement. Un business lucratif et illégal… en plein boum.
Le Nigéria est le nouveau dépotoir de l’Europe et des États-Unis. Les chiffres sont alarmants. Sur 66 000 tonnes de produits électroniques de seconde main envoyés au Nigéria, 15 400 tonnes ne fonctionnent pas ; soit près de 25 % de la marchandise envoyée. Ces données ont été révélés par une étude réalisée par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Les produits défectueux proviennent en grande partie d’Europe et des États unis. « Pendant des décennies, l’Europe et les États-Unis ont envoyé leurs e-déchets sur les continents africain et asiatique, parfois illégalement. Depuis peu, ce problème ancien a pris une nouvelle dimension : certains exportateurs européens dissimulent des appareils électroniques usagés dans des voitures d’occasion », rapporte le journal en ligne Motherboard. Les enquêteurs déployés sur le terrain pour mener l’étude appartenaient à l’Université des Nations unies et au Basel convention coordinating center (BCCC).
L’étude a duré 16 mois, entre 2016 et 2017. Elle a permis à ces deux institutions de faire procéder à la fouille 201 conteneurs et 2 184 véhicules d’occasion arrivés par bateau au port de Lagos. Selon ces chercheurs, 77 % de ces appareils venaient des ports de l’Union européenne, répartis ainsi : 20 % pour l’Allemagne, 19,5 % pour le Royaume-Uni, 9, 4 pour la Belgique et 8,2 pour les Pays-Bas.
Une réelle menace pour l’environnement
Les produits envoyés au Nigéria sont, pour la plupart, extrêmement difficiles à recycler. Les smartphones, ordinateurs, téléviseurs et autres appareils électroménagers contiennent des métaux lourds. « On y trouve du plomb, du mercure et du cadmium », explique Jim Puckett, du Basel Action Network, (une association qui milite pour l’élimination écologique des déchets électroniques, Ndlr). Selon la même source, « beaucoup de produits d’import décrits dans l’étude, comme par exemple les premiers écrans LCD, sont dotés de dispositifs de rétroéclairage contenant du mercure. Quand vous les démantelez, vous respirez ce mercure ». Le transport de ce matériel défectueux est pourtant clairement proscrit par la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, de même que par la réglementation de l’Union Européenne.
Luchelle Feukeng