Le nettoyage des plastiques à usage unique coûte des dizaines de millions de nairas par jour et les autorités de Lagos refusent de sacrifier la protection de l’environnement au profit des intérêts économiques de quelques riches propriétaires d’entreprises.
Le plastique à usage unique et la styromousse (une forme de polystyrène) sont désormais interdits dans cet État peuplé d’environ 22 millions d’habitants, situé au sud-ouest du Nigeria. Des amendes sont prévues contre les entreprises qui ne respecteraient pas cette mesure, qui vise à freiner l’impact du plastique sur l’environnement. Les vendeurs ambulants et les marchés de Lagos utilisent des contenants en polystyrène pour emballer les aliments et les produits. Ces emballages représentent un danger pour la santé des consommateurs et leur utilisation constante a provoqué l’engorgement des routes et l’obstruction des égouts de la ville, augmentant ainsi les risques d’inondation et les menaces pesant sur la biodiversité.
Le défi de l’application des lois anti-plastique en Afrique
Tout en saluant cette décision importante, l’organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace Afrique précise que la mise en application de cette décision ainsi que la réparation des dommages existants constituaient une tâche monumentale. « Nous exhortons le gouvernement de l’État de Lagos non seulement à faire respecter l’interdiction de manière efficace, mais aussi à renforcer les politiques et les réglementations relatives aux matières plastiques », déclare Hellen Kahaso Dena, responsable du projet panafricain sur le plastique à Greenpeace Afrique.
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Sur 54 pays africains, 34 ont soit adopté une loi interdisant les plastiques et l’ont mise en œuvre, soit ont adopté une loi dans l’intention de la mettre en œuvre. Parmi eux, 16 ont totalement interdit les sacs en plastique ou l’ont fait partiellement sans encore introduire de réglementation pour faire respecter ces interdictions. Comparé au reste du monde, le continent semble faire un excellent travail, et pourtant sur le terrain, la réalité est autre.
Au Cameroun où l’interdiction a été adoptée en 2014, couvrant l’importation, la production et la vente d’articles en plastique à usage unique, presque rien n’a changé dans les habitudes des populations de ce pays d’Afrique centrale qui produit plus de six millions de tonnes de déchets plastiques par an. Des contrebandiers transitant par le nord en provenance du Nigeria continuent d’alimenter le marché en plastique à usage unique. Malgré cela, le gouvernement camerounais a réitéré sa volonté de travailler avec les acteurs clés pour trouver des « solutions innovantes ».
Boris Ngounou