Les inondations ont entraîné le déplacement de 4 000 habitants à Lagos en juillet 2021. Pour réduire ce risque d’inondation, les autorités nigérianes envisagent l’installation d’une station de pompage dans cette ville du sud-ouest, dans l’optique de prévenir la montée des eaux accentuée le changement climatique.
À côté des initiatives qui se multiplient à Lagos en matière d’énergies renouvelables ou de gestion durable des déchets, la montée des eaux demeure un casse-tête dans la capitale économique du Nigéria. Face à la vulnérabilité aux inondations, les autorités de Lagos aménageront une station de pompage dans les mois à venir.
Selon les autorités locales, cette installation équipée d’un réservoir permettra aux populations et aux opérateurs économiques de prévenir l’élévation du niveau de la mer en pompant de grands volumes d’eau dans les zones les plus exposées aux fortes pluies à l’instar du bidonville de Makoko, situé en basse altitude.
Un phénomène accentué par le changement climatique
À en croire l’Agence nationale de gestion des urgences du Nigeria (Nema), la sortie des rivières de leur lit a enclenché la submersion des terres dans 30 des 36 États du Nigéria pour la seule année 2012, causant la mort de 400 personnes. Sept années plus tard, le phénomène a causé des dégâts chiffrés à 17 milliards de dollars (7043 milliards de nairas) et 2 millions de déplacés en 2020.
« Récemment, nous avons assisté à 100 mm de pluie en une seule journée. Cela ne s’était jamais produit depuis 100 ans et démontre que l’intensité des catastrophes météorologiques est due au changement climatique », explique le professeur Mansur Bako Matazu, directeur de l’Agence météorologique nigériane (NiMet). Pour sa part, l’écologiste nigérian Seyifunmi Adebote affirme que le réchauffement climatique est également à l’origine de l’érosion du littoral qui rend la ville de Lagos encore plus vulnérable aux inondations.
Des initiatives pour protéger la côte de l’érosion
Selon la Banque mondiale, la dégradation du littoral a coûté au Nigéria près de 2 milliards de dollars en 2017, soit l’équivalent de 4,9 % de son produit intérieur brut (PIB). Pour y remédier, les autorités fédérales ont initié le projet de la « Grande muraille de Lagos », une digue longue de 8,5 km faite de quelque 100 000 blocs de béton pesant cinq tonnes chacun et hauts de 18 m. La barrière en cours de construction depuis 2019 permettra de protéger un tronçon de rivage à Victoria Island, le quartier huppé de la ville de Lagos.
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Dans le même temps, le ministère fédéral nigérian de l’Agriculture et du Développement rural avec le concours de l’Institut international de gestion de l’eau d’Abuja, a lancé une solution technologique baptisée « WetIn ». L’application mobile fournit en temps réel aux régions côtières, des informations pour la prévision des crues grâce aux données collectées par l’Agence du service hydrologique du Nigeria (Nihsa). Depuis son lancement en 2016, l’initiative est très courue par les agriculteurs, puisqu’elle leur permet de protéger leurs cultures et d’évacuer la région si nécessaire.
Benoit-Ivan Wansi