En 2023, le système ferroviaire du Nigeria a enregistré une baisse de 32 % du nombre de passagers. Quels sont les facteurs et les indices économiques qui expliquent ce désamour soudain des Nigérians pour le train ?
Le transport ferroviaire est en perte de vitesse ces dernières années au Nigeria. C’est en tout cas ce que confirment les derniers chiffres du Bureau national des statistiques (NBS). Selon l’institution basée à Abuja, le trafic sur les voies ferrées est passé de 3,2 millions de voyageurs en 2022 à 2,1 millions en 2023, soit un déficit de plus d’un million de passagers en seulement un an.
En termes financier, cela correspond à 4,4 milliards de nairas (3,3 millions de dollars) en 2023, contre 4,5 milliards de nairas (3,4 millions de dollars) en 2022. Plusieurs raisons expliquent la baisse de ce trafic. Parmi elles figure le défi sécuritaire. En effet, le 28 mars 2022 des centaines de passagers effectuant le trajet Abuja-Kaduna ont été kidnappés par des brigands. L’affaire a fait grand bruit parce que quelques hautes autorités se trouvaient parmi les détenus. Depuis l’attaque, il est un peu difficile pour certains Nigérians de retourner dans les gares.
L’autre raison c’est la maintenance du réseau ferroviaire. Certains trajets ont été rallongés de 2 à 3 heures pour certaines lignes à cause des travaux de réhabilitation et de modernisation des voies ferrées (Port Harcourt-Maiduguri par exemple) effectués en ce moment par la Société nigériane des chemins de fer (NRC). Et donc, bien des gens préfèrent regagner leurs destinations en taxis ou avec les cars.
Une économie ferroviaire à redynamiser
Face à la baisse du nombre de passagers et dont la vente des tickets représente une manne importante pour l’économie ferroviaire, les autorités nigérianes misent sur le fret. Ainsi, une augmentation de 37 % a déjà été enregistrée dans le transport des marchandises. Au moins « 59 966 tonnes de colis expédiés à la fin de 2023 (plus de 320 000 dollars), contre 39 379 tonnes (118 000 dollars) en 2022 », indique le NBS.
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Si les populations du Nigéria renouent en masse avec les rails, cela devrait permettre également de réduire le nombre de véhicules personnels qui contribuent à la dégradation de la qualité de l’air dans les agglomérations telles que Lagos. La capitale économique nigériane peuplée de 22 millions d’habitants apparait d’ailleurs dans le Top10 des villes africaines les plus polluées.
Benoit-Ivan Wansi