Alors que la 28e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) approche, les acteurs du numérique se positionnent en tant que solutions clés pour une transition écologique plus efficace. Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des Relations publiques de Huawei Northern Africa, souligne l'importance cruciale de la technologie dans le développement de l’économie, des industries en Afrique, au service des villes intelligentes et durables. Avec des initiatives comme la Green Tower en Égypte et divers projets urbains innovants, Huawei démontre l'impact significatif du numérique dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la décarbonation des infrastructures, particulièrement dans l'optimisation de la gestion de l'énergie.
Jean Marie Takouleu : Les décideurs du monde entier se réunissent à Dubaï aux Émirats arabes unis (EAU) du 30 novembre au 12 décembre 2023 pour la COP28. Il y sera beaucoup question de la transition énergétique. Les infrastructures numériques sont réputées assez énergivores. Comment les décarboner tout en maintenant leur efficacité ?
Adnane Ben Halima : Concernant la décarbonation des infrastructures numériques, je pense qu’il est important de concentrer nos efforts sur deux axes majeurs. Le premier, l’intégration d’énergies renouvelables dans l’alimentation de ces infrastructures est cruciale. Quant au second point, il est essentiel d’améliorer l’efficacité énergétique de nos infrastructures. Ainsi, en collaboration avec Telecom Egypt, Huawei a participé à la construction de la première tour écologique d’Afrique en Égypte : la Green Tower. Celle-ci utilise une technologie innovante en polymère renforcé de fibres (FRP) qui permet de réduire la consommation d’énergie des sites de près de 40 %, illustrant parfaitement la façon dont il est possible d’allier efficacité technologique et respect de l’environnement.
Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. En tant qu’acteur majeur du secteur, que fait Huawei pour réduire l’empreinte environnementale de ses installations, notamment les centres de données ?
Chez Huawei, nous accordons une grande importance à notre responsabilité environnementale, en agissant notamment sur l’efficacité énergétique de l’ensemble de nos solutions et installations. Sur la question spécifique des data centers, nous privilégions l’adoption de systèmes de refroidissement naturels, les climatiseurs étant les plus énergivores. Tous nos data centers récents, en Afrique et à l’international, sont équipés de ces technologies.
Nous avons également réalisé d’importantes avancées dans l’optimisation énergétique de nos installations. Un bon exemple est le ratio bit/watt dans nos sites 5G, où nous avons étendu la couverture tout en réduisant la consommation énergétique de ces derniers jusqu’à 50 %. Cette efficacité est le fruit de l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et d’autres technologies avancées, qui optimisent le fonctionnement de nos équipements. Ces systèmes s’adaptent dynamiquement aux variations d’activité, améliorant ainsi l’efficacité énergétique et réduisant l’impact environnemental, tout en assurant une performance réseau optimale.
Lorsqu’il s’agit de la décarbonation des infrastructures, nous croyons fermement que la technologie n’est pas en contradiction avec les objectifs environnementaux. Bien au contraire, le numérique est un levier essentiel pour parvenir à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, visant une diminution de 20 % d’ici à 2030 selon le Global Enabling Sustainability Initiative (GeSi). Chez Huawei, notre ambition est double : développer des technologies qui bénéficient à la société tout en s’assurant que ces technologies soient durables.
Y a-t-il aujourd’hui des innovations transversales de Huawei pouvant aider à la décarbonation des infrastructures dans d’autres secteurs en Afrique ?
Bien-sûr, le numérique est indispensable pour accompagner la transformation de tous les secteurs industriels en répondant à leur impératif de durabilité. Chez Huawei, l’ensemble des innovations que nous développons a vocation à être utilisé également par d’autres secteurs et à contribuer à la décarbonation de leurs infrastructures.
Cependant, les avantages de ces innovations ne se limitent pas à l’agriculture ; ils s’étendent à de nombreux autres secteurs, y compris le secteur énergétique lui-même. Le numérique, tout particulièrement grâce à l’intelligence artificielle, joue un rôle crucial dans l’optimisation des réseaux de distribution d’énergie. Nos solutions de réseaux intelligents (smart grids) sont conçues pour réduire les pertes énergétiques, qui peuvent représenter environ 20 % des pertes totales lors de la distribution d’énergie dans les réseaux. Ces avancées technologiques, couplées aux solutions d’énergies renouvelables que propose Huawei, ont permis à l’entreprise de produire près de 300 milliards de kWh d’énergie verte au cours de la dernière décennie, réduisant ainsi les émissions de CO2 de 170 millions de tonnes, soit l’équivalent de la plantation de 220 millions d’arbres.
Plusieurs pays africains, notamment le Maroc et l’Égypte veulent développer des villes plus vertes et intelligentes afin de mieux répondre et s’adapter au changement climatique. Faut-il construire de nouvelles villes en incluant les nouvelles technologies ? Ou tout simplement digitaliser celles qui existent déjà ?
La construction de nouvelles villes n’est pas la solution la plus adaptée. L’impact environnemental associé à de telles constructions est considérable. D’autant plus que, d’après ONU-Habitat, les villes actuelles sont responsables de plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre tout en occupant moins de 2 % de la surface terrestre. Il est donc nécessaire de se concentrer sur la modernisation des infrastructures urbaines déjà existantes. Pour autant, l’augmentation de la population mondiale rend la question de la construction de nouvelles villes inévitable et je suis convaincu que le numérique jouera un rôle central dans le développement de celles-ci. Il sera essentiel pour optimiser non seulement leur construction, mais aussi leur gestion quotidienne, en rendant les habitations plus efficaces et durables.
Huawei a mis au point une solution Smart City qui allie le cloud computing, l’internet des objets (IoT), le Big Data et l’intelligence artificielle (IA). Cette solution a notamment été présentée à l’occasion de la Journée mondiale des villes le 31 octobre 2023. Comment peut-elle contribuer à cet objectif de développement de villes vertes et intelligentes ?
La solution Smart City de Huawei contribue au développement de villes vertes et intelligentes grâce à la gestion efficace des ressources urbaines. L’IA et le Big Data nous permettent d’analyser et d’optimiser l’utilisation des ressources, telles que l’énergie et l’eau, réduisant l’empreinte écologique des villes. L’IoT connecte les infrastructures, facilitant une gestion proactive et réactive, comme l’ajustement de l’éclairage public en fonction de la présence humaine. Le cloud computing centralise les données, permettant une gestion et une prise de décision rapides et efficaces. Ensemble, ces technologies améliorent la durabilité urbaine et la qualité de vie.
Des propos recueillis par Jean Marie Takouleu
