Océans africains : la révolution verte contre la marée plastique

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Océans africains : la révolution verte contre la marée plastique©Wynian/Shutterstock

Avec environ 8 millions de tonnes de plastique déversées chaque année dans les océans, la pollution plastique menace les écosystèmes marins du continent africain. Pour faire face au phénomène, des solutions innovantes et des initiatives locales émergent. De la transformation des déchets en matériaux de construction aux technologies de surveillance avancées, des entreprises et organisations de protection de la nature se mettent en ordre de bataille.

Halte à la pollution plastique ! Le phénomène est devenu une menace majeure pour les écosystèmes marins, affectant les mers et les océans qui bordent le continent africain. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), environ 8 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans chaque année, et une grande partie de cette pollution atteint les côtes africaines. Les conséquences sont désastreuses, à savoir, l’ingestion du plastique par la faune marine, la destruction des habitats naturels, et la contamination de la chaîne alimentaire.

En Afrique de l’Ouest, par exemple, les plages du Ghana et du Nigeria sont envahies par des débris plastiques. Des études menées par l’Université du Cap en Afrique du Sud, montrent que 90% des oiseaux marins autopsiés après leur mort, avaient des fragments de plastique dans leur estomac. De plus, les récifs coralliens, qui sont essentiels à la biodiversité marine et à la pêche locale, sont également menacés par cette pollution. Les déchets plastiques favorisent la prolifération d’algues nuisibles, perturbant ainsi l’équilibre écologique des récifs.

L’Operation Clean Sweep (OCS)

Face à cette crise, plusieurs initiatives locales et régionales voient le jour pour lutter contre la pollution plastique. En Afrique du Sud, l’Operation Clean Sweep (OCS) vise à empêcher les granulés plastiques industriels de pénétrer dans l’environnement marin. Dans un contexte mondial où plus de 230 000 tonnes de granulés sont déversés dans le milieu marin chaque année, cette initiative volontaire de l’industrie du plastique, a déjà permis de réduire significativement les fuites de granulés, grâce à l’engagement de diverses organisations et entreprises du secteur des plastiques.

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Sasol, un géant de l’industrie chimique et Sapro (South African Plastics Recycling Organisation) qui représente 42 des principaux recycleurs de plastiques de la nation arc-en-ciel, ont signé l’engagement OCS. D’autres organisations telles que Petco, Polyco, et la Polystyrene Association of SA, qui ont également signé l’engagement OCS, mettent en œuvre des mesures rigoureuses pour empêcher que les granulés plastiques ne se répandent durant le transport ou la production. Cela passe par la formation des personnels des entreprises signataires sur les meilleures pratiques pour éviter les déversements de granulés plastiques, et l’implémentation de kits OCS dans les installations industrielles pour minimiser les risques de déversement.

« Les gouvernements africains doivent adopter des réglementations strictes sur l’utilisation et l’élimination des plastiques. Les initiatives locales sont cruciales, mais sans soutien et sans cadre réglementaire, elles ne pourront pas atteindre leur plein potentiel. », met en garde Themba Dlamini, expert en gestion des déchets à l’Université du Cap.

Plus de 20 tonnes de plastique transformées en pavés

Au Kenya, la start-up Gjenge Makers transforme les déchets plastiques en pavés durables pour la construction. Ces pavés sont non seulement écologiques, mais aussi plus résistants et moins coûteux que les matériaux traditionnels. En 2020, cette initiative a permis de recycler plus de 20 tonnes de plastique, réduisant ainsi la quantité de déchets se retrouvant dans les cours d’eau et les océans.

La Côte d’Ivoire, aussi vulnérable que l’Afrique du Sud et le Kenya est à l’avant-garde des solutions pour réduire la pollution marine. Le projet « Plastic Waste Management Program » de l’organisation non gouvernementale (ONG) Conceptos Plasticos utilise les déchets plastiques pour construire des écoles. Depuis 2018, plus de 500 tonnes de plastique ont été recyclées dans le pays des éléphants, offrant ainsi une solution innovante pour les problèmes de pollution et d’éducation.

« Voir les enfants étudier dans des écoles construites avec des briques en plastique recyclé est une immense satisfaction. Non seulement nous réduisons la pollution, mais nous offrons également une éducation de qualité. », s’en réjouit Marie Kouadio, responsable du projet Plastic Waste Management en Côte d’Ivoire.

La contribution des innovations technologiques

Les avancées technologiques jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pollution plastique dans les milieux marins d’Afrique. L’utilisation de drones pour la surveillance des plages et des côtes permet de détecter et de cartographier les zones les plus touchées par les déchets plastiques. Au Nigéria, la start-up Wecyclers utilise des applications mobiles pour encourager le recyclage en récompensant les utilisateurs avec des points échangeables contre des biens de consommation.

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L’entreprise sud-africaine Plastics SA pour sa part, a développé une technologie de tri automatique des plastiques, augmentant ainsi l’efficacité du recyclage. Grâce à cette innovation, le taux de recyclage des plastiques en Afrique du Sud a atteint 43% en 2021, l’un des plus élevés du continent(le Maroc devrait atteindre 55% d’ici à 2030).

Au Kenya l’initiative « Flipflopi » mise sur la sensibilisation

En Afrique de l’Est où 20 % des espèces du lac Victoria sont déjà menacés de disparition selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’initiative « Flipflopi » a construit un bateau en plastique recyclé pour sensibiliser les populations à l’importance du recyclage. Depuis son lancement, le navire a navigué le long de la côte kényane, organisant des campagnes de nettoyage et des ateliers éducatifs dans les communautés locales. « La pollution plastique est un problème global, mais les solutions doivent être locales. En éduquant les jeunes générations sur les dangers du plastique et les bénéfices du recyclage, nous pouvons changer les mentalités et les comportements. », explique John Kamau, un activiste environnemental basé à Mombasa, une ville portuaire du sud du Kenya sur l’océan Indien.

Boris Ngounou

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