Le constat est alarmant. Jusqu’à 2,4 milliards, des travailleurs dans le monde, tous secteurs confondus, sont exposés aux risques sanitaires liés au changement climatique. Il s’agit notamment de la chaleur excessive, des rayons ultraviolets, des phénomènes météorologiques extrêmes, de la pollution atmosphérique, des maladies à transmission vectorielle et des produits agrochimiques.
Parmi les conséquences concrètes des changements climatiques sur la santé des travailleurs figurent « le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires, les dysfonctionnements rénaux et les problèmes de santé mentale », indique l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans son rapport Assurer la sécurité et la santé au travail à l’heure du changement climatique. Il est publié à l’occasion de la Journée internationale du travail célébrée tous les 1er mai à travers le monde.
L’Afrique subsaharienne n’est pas épargnée
Les chiffres sont clairs. « Plus de 70 % des travailleurs (sur une main-d’œuvre mondiale de 3,4 milliards) sont susceptibles d’être exposés à une chaleur excessive à un moment ou à un autre de leur travail. On enregistre 18 960 décès liés au travail chaque année en raison d’un cancer de la peau sans mélanome à la suite d’une exposition excessive à la chaleur », indique l’équipe d’experts de l’OIT pilotée par la scientifique Manal Azzi.
Cette situation est assez récurrente en Afrique subsaharienne et plus particulièrement dans le Sahel qui a enregistré des records de températures ces derniers mois. Une canicule sans précédent au grand dam des professionnels du génie civil, des commerçants ambulants et d’autres travailleurs exerçant leurs activités à l’air libre. Et donc, un autre problème s’ajoute : l’exposition à la pollution. Ce phénomène est la cible de 1,6 milliard d’ouvriers sur la planète et cause au moins 860 000 décès chez « ces travailleurs en extérieur », regrette l’OIT.
Des conditions de travail en péril face au climat, quelles solutions ?
Au-delà de la santé et de la sécurité, les risques climatiques mettent en péril les conditions de travail. En effet le stress thermique favorise la fatigue et la baisse des performances. Une étude de Salima Benhamou et Jean Flamand va plus loin en pointant « la baisse de la vigilance et de la concentration, l’augmentation des temps de réaction, la vision troublée, la nervosité et la modification de l’humeur ». Les deux chercheurs estiment que ces impacts liés à la sècheresse entravent l’analyse de données et la prise de décisions, le repérage, tout en mettant en péril « la qualité des relations de travail (irritabilité, comportements impulsifs, etc.) entre collègues, avec des clients ou des usagers ».
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Il est donc « temps d’agir », selon les Nations unies qui recommandent des initiatives concrètes telles que la révision ou la création de nouveaux cadres réglementaires et l’amélioration des stratégies d’atténuation du climat à l’instar des « mesures d’efficacité énergétique » dans les environnements de travail. En matière de législation typique « travail-climat », la France est l’un des rares pays à s’en être saisie dans le cadre de la mise en œuvre du huitième objectif de développement durable (ODD8) sur l’emploi décent et sûr. L’Élysée a déjà promulgué un Plan santé au travail (PST), un Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) et un Plan national santé-environnement (PNSE).
Benoit-Ivan Wansi