Le One Forest Summit a constitué un important moment de mobilisation en permettant une unité de temps et de lieu autour d’un enjeu crucial, celui des forêts. L’Association Climate Chance y a porté plusieurs messages autour de la connectivité écologique et de la nécessité de doter les pays africains de ressources financières endogènes. Si les engagements internationaux et la convergence des points de vue semblent être actés, il est désormais urgent de diriger ces flux vers les populations en définissant des priorités d’action concertée.
Le One Forest Summit a indéniablement permis une mobilisation importante autour de la question centrale des forêts en permettant une unité de temps, de lieu et une concentration d’acteurs qui, sans cela, ne se rencontreraient peut-être pas : décideurs politiques, associations, monde de la recherche, experts de la conservation, représentants du secteur privé…
En tant qu’association œuvrant depuis 2015 précisément à ces rapprochements, Climate Chance y a trouvé sa place et a saisi l’opportunité de faire passer plusieurs messages sur la convergence climat-biodiversité-désertification des 3 conventions de Rio, sur la connectivité écologique, sur la nécessité de doter les pays africains de financements stables, pérennes et de replacer les populations locales au cœur des dispositifs de conservation.
L’évènement nous a aussi permis d’être visibles et d’initier un dialogue autour de partenariats et de collaborations futures pour nos projets. Sur le fond, le sommet a été, à notre sens et avant tout, un sommet sur la finance carbone, le constat étant que les crédits carbone stricto sensu sont désormais un cadre un peu trop faible, mais qu’il convient de ne pas totalement balayer. L’assainir, le renforcer et le crédibiliser à l’aune, par exemple, de mesures d’impacts fiables, de co-bénéfices biodiversité mesurables est possible et souhaitable. Vertueux, bien utilisé et compris par les pays africains, il s’agit d’un outil puissant à mettre à leur service et à celui des populations locales. Les constats sur le terrain sont sans appel : changement climatique et pertes de biodiversité sont étroitement liés et ont depuis des années des conséquences dramatiques : envasement des cours d’eau et stress hydriques, déforestation et surexploitation des ressources forestières, désertification et pertes de ressources agricoles, problèmes aigus de cohabitation homme-animal, manque de financements, etc. alors, que, comble de l’ironie, les engagements financiers des différents acteurs, tous secteurs confondus, n’ont peut-être jamais été aussi élevés !
Sur le terrain les combats sont nombreux, mais les solutions sont souvent connues, parfois simples (et parfois pas…) et les acteurs (étatiques et non étatiques) disponibles et réellement motivés pour les mettre en place. Alors, comment faire converger grands engagements internationaux et réalités de terrain ? Comment répondre aux demandes des populations locales qui expérimentent dans leur quotidien changement climatique et pertes de biodiversité et qui ont, souvent dans leurs communautés, dans leurs villages, les solutions fondées sur des connaissances ancestrales ?
Les évènements tels que le One Forest Summit et d’autres (l’année 2022 a par exemple vu se succéder les 3 COP) gardent évidemment leur utilité pour maintenir dialogue et coopération autour des grands enjeux planétaires, mais il y a urgence à définir des priorités adaptées en écoutant le terrain, à rediriger les flux financiers au bon endroit, à trouver des canaux de redistribution fiables et à renforcer l’appropriation par les pays africains de ces nouveaux types d’outils. Climate Chance apporte sa pierre à l’édifice depuis plusieurs années en se positionnant comme un agrégateur dont la principale mission est de casser les logiques de silos et de créer du lien, des synergies afin de faire converger les messages, les projets et les financements. Au travers de ses différentes actions (Observatoire mondial et Afrique de l’action climat, Sommets annuels, animation de coalitions internationales et de projets démonstrateurs) elle œuvre à la convergence des enjeux climat-biodiversité-désertification, tisse des relations, crée des réseaux, parfois longs et compliqués à réaliser… mais vitaux pour notre monde.
Par Anne Raimat
Directrice Biodiversité — Climate Chance