Le partenariat entre le ministère ougandais de l’Énergie et du Développement minéral, Industrial Promotion Services (IPS), et Westgass International a été acté le 15 février 2024 dans la capitale ougandaise Kampala. Il porte sur la construction d’une usine d’engrais verts à base d’hydrogène. L’installation sera implantée à Karuma, dans le district de Kiryandogo, dans la région occidentale de l’Ouganda, afin de tirer parti de sa proximité avec la centrale hydroélectrique de Karuma, d’une capacité de 600 MW.
Une fois opérationnelle, la nouvelle usine devrait stimuler la production nationale d’engrais et améliorer la sécurité alimentaire. Au 9 janvier 2023, la carte de la faim du Programme alimentaire mondial (PAM) montrait que 16,4 millions d’Ougandais étaient confronté à une consommation alimentaire insuffisante.
Le ministère ougandais de l’Énergie et du Développement minéral projette donc une augmentation de la production d’engrais azotés à environ 200 000 tonnes par an grâce à ce projet, pour 100 MW d’électricité utilisée provenant de la centrale de Karuma. Il s’agit d’un engrais principalement composé d’ammoniac, obtenu par la combinaison de l’azote contenu dans l’air et de l’hydrogène. Il a l’avantage d’activer la croissance des plantes, et de favoriser la pousse et le développement de toutes ses parties aériennes (tiges, feuilles, etc.). Mais mal géré, ou s’il n’est pas prélevé par la plante au moment opportun, l’azote peut causer des dommages environnementaux majeurs.
Un investissement de 400 millions de dollars
La mise en œuvre de ce projet « réduira également la dépendance de l’Ouganda vis-à-vis des importations d’engrais », indique Kinar Kent, le PDG de la société norvégienne Westgass, qui investit dans la construction d’une chaîne de valeur verte pour l’hydrogène et l’ammoniac en Europe, en Afrique et en Asie. D’après les données compilées sur la plateforme Trade Map, le pays de Yoweri Museveni aurait importé pour plus de 56 millions de dollars d’engrais sur le marché international en 2022, principalement en provenance de la Russie et de l’Arabie saoudite, pour combler son déficit de production de l’intrant.
La production d’engrais verts par le kenyan IPS et Westgass en Ouganda favorisera aussi le développement économique à faible émission de carbone, notamment à travers l’augmentation des importations. « En utilisant les riches ressources naturelles de l’Ouganda et des technologies innovantes, ce projet est en mesure de propulser le secteur agricole vers la réalisation de l’objectif ambitieux de 6 milliards de dollars d’exportations », souligne Odrek Rwabwogo, le président du Comité consultatif présidentiel sur les exportations et le développement industriel (PACEID), qui promeut également l’agriculture durable en Ouganda.
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Le gouvernement ougandais estime le coût total de l’usine de fabrication d’engrais verts à base d’hydrogène à 400 millions de dollars. Le pays bénéficie du soutien de plusieurs institutions financières internationales à l’instar de l’Agence norvégienne de coopération au développement (Norad) et du Fonds d’investissement norvégien pour les pays en développement (Norfund).
Inès Magoum