Le projet hydroélectrique de Karuma est déjà achevé à 85 %, selon Li Huiting, le directeur de l’entreprise Sinohydro en Ouganda. Le chantier est donc dans sa phase finale. Les ingénieurs de l’entreprise chinoise ont terminé le gros œuvre et s’attèlent maintenant à installer la machinerie et à équiper les bâtiments. Selon Li Huiting, ses employés travaillent nuit et jour à l’installation des turbines.
« La dernière étape consiste à concevoir la structure et l’installation des câbles de connexion », a précisé Li Huiting. À ce rythme, l’entreprise chinoise, qui compte plus de 131 000 employés, espère mettre le barrage en eau en 2019. Cette accélération intervient après un retard initial. En avril 2016, le chantier n’a pas a été arrêté pendant quatre mois après l’apparition de fissures sur le barrage. « Mais des réparations majeures ont été faites pour remédier à la situation et prévenir d’autres fissures », explique le directeur de Sinohydro en Ouganda. La construction elle-même a finalement a repris en août de 2017.
La plus grande et première centrale souterraine en Ouganda
L’Ouganda mise beaucoup sur les énergies renouvelables, notamment l’hydroélectricité pour son développement économique. C’est pourquoi l’évolution de ce chantier est scrutée minutieusement par le gouvernement de Kampala. Une fois la construction terminée, la centrale hydroélectrique de Karuma sera la plus grande du pays, avec une capacité de production de 600 MW. Il s’agit de la première centrale souterraine du pays, et même d’Afrique de l’Est. Le barrage est construit dans des tunnels, au niveau des chutes Karuma, sur le Nil Victoria (portion du Nil Blanc située entre le lac Victoria et le lac Kyoga, NDLR).
Un projet à rebondissement
C’est un projet que l’Ouganda tente de réaliser depuis 1995. Dans un premier temps, Norpak, une société norvégienne, qui emploie 400 personnes, a obtenu le contrat pour réaliser l’étude de faisabilité et l’étude d’impact sur l’environnement pour le barrage. Le rapport de l’entreprise norvégienne est finalement rendu en 2006. À l’issu d’un appel d’offres, la même entreprise reprend la main sur le projet. Il est alors prévu que le futur barrage ait une capacité de production de 200 et 250 MW.
En 2009, les plans du barrage sont modifiés, pour devenir un projet beaucoup plus important de 750 mégawatts. Norpak jette l’éponge à cause de la « crise économique mondiale » liée à la crise financière des subprimes.
Le projet est donc confronté à un problème de financement. Finalement, c’est Exim Bank of China qui vient à la rescousse des autorités en injectant environ 1,4 milliard de dollars. Dont 790 millions de dollars représentent un prêt au taux concessionnel, remboursable sur 20 ans, tandis que 645 millions de dollars seront assortis d’un intérêt de 4 %, payables sur 15 ans, à compter du jour de la mise en service complète du barrage. Le gouvernement ougandais a lui-même investi plus de 250 millions de dollars, ramenant le coût total de ce projet à plus 1,6 milliard de dollars. Comme il est coutume avec les investissements d’Exim Bank of China, le projet a du coup été confié à l’entreprise chinoise Sinohydro, qui vient de confirmer l’achèvement prochain de la centrale.
Jean Marie Takouleu