C’est une victoire pour les défenseurs de la nature et surtout pour les populations qui vivent du tourisme près des chutes Murchison. Le gouvernement ougandais vient d’émettre un avis défavorable à un projet hydroélectrique qui devait exploiter les rapides de ce cours d’eau.
« Le gouvernement a rejeté la proposition dans son entièreté. Il pense que les chutes de Murchison sont l’une des plus importantes merveilles du pays. Nous pensons que, vu le potentiel touristique du site, il est beaucoup plus rentable de le réserver à cet usage », explique Godfrey Kiwanda, ministre d’État chargé du tourisme.
Les chutes de Murchison sont situées dans le parc national du même nom. Ce dernier dispose d’une biodiversité très riche qui attire chaque année une centaine de milliers de touristes. Il s’agit donc d’une source de revenus aussi bien pour le gouvernement que pour les populations locales. Or c’est sur ce site grandiose que l’entreprise sud-africaine Bonang Power and Energy envisageait de construire un barrage dont les eaux auraient fait tourner les turbines d’une centrale hydroélectrique pour fournir 360 MW.
Le projet s’est mué en scandale lorsque le Bonang Power and Energy a introduit une demande de permis pour une étude de faisabilité auprès d’Electricity Regulatory Authority (ERA). Le gouvernement a assisté à une véritable levée de boucliers. Les voix se sont élevées pour dénoncer le projet aussi bien au niveau politique qu’au sein de la société civile. Les populations et les autorités traditionnelles ont également fait connaître leur désaccord concernant la construction d’un barrage au niveau des chutes Murchison.
Plus engagés, les défenseurs de l’environnement tels qu’Amos Murungi ont lancé des pétitions qui ont recueilli des centaines de milliers de signatures. Une mobilisation singulière qui a porté ses fruits puisque le projet est purement et simplement annulé. « Nous avons besoin de plus d’électricité pour alimenter notre économie en plein développement, mais ce projet peut aller ailleurs, pas dans le parc », indique Ephraïm Kamuntu, le ministre du Tourisme, de la Faune et des Antiquités.
Jean Marie Takouleu