OUGANDA : le gouvernement relance le projet hydroélectrique sur les chutes Murchison

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OUGANDA : le gouvernement relance le projet hydroélectrique sur les chutes Murchison©Dennis Wegewijs/Shutterstock

Le gouvernement ougandais vient de relancer les travaux du très controversé projet hydroélectrique sur les chutes Murchison, au nord-ouest de l’Ouganda. L’Electricity Regulatory Authority (ERA) vient de lever les objections concernant le démarrage d’une étude de faisabilité du projet.

Le bras de fer est relancé entre le gouvernement, les défenseurs de l’environnement, les promoteurs du tourisme et les autorités traditionnelles de Bunyoro-Kitara. La situation rique de se tendre suite à l’annonce d’Electricity Regulatory Authority (ERA) d’autoriser l’étude de faisabilité relative au projet hydroélectrique sur les chutes Murchison, en plein cœur du parc éponyme, au nord-ouest de l’Ouganda. Cette étude serait réalisée par l’entreprise sud-africaine Bonang Power, juge et partie dans cette affaire.

Il s’agit d’une volte-face puisque les autorités avaient décidé en octobre 2019 d’annuler ce projet hydroélectrique à cause d’une contestation généralisée dans le pays. Mais le gouvernement fait valoir de nouveaux arguments. « Le cabinet a décidé qu’il devait y avoir une étude de faisabilité et que la décision sur le projet hydroélectrique du parc national de Murchison serait basée sur la science », indique Godfrey Kiwanda, le ministre ougandais du Tourisme.

La contestation repart de plus belle…

Le but de Bonang Power est de construire une retenue d’eau légèrement en amont des chutes Murchison. En descendant du barrage, l’eau ferait tourner des turbines d’une centrale hydroélectrique qui serait alors capable de fournir 360 MW. Le projet devrait réduire le débit du Nil blanc, le fleuve sur lequel se trouvent les chutes de Murchison. Cette merveille de la nature devrait logiquement en subir les conséquences.

Plus grave encore, la retenue d’eau formera un réservoir sur des kilomètres, chassant les animaux de leur espace naturel, ralentissant ainsi le tourisme car c’est bien pour admirer ce précieux patrimoine naturel que plus de 100 000 touristes se déplacent chaque année. « La construction du barrage menacera les paysages bioculturels en modifiant le régime d’écoulement naturel du fleuve. La flore et la faune, vénérées par la population, sont sensibles à tout changement du régime d’écoulement du cours d’eau », prévenait récemment Andrew Byakutaga Ateenyi, le Premier ministre du royaume de Bunyoro-Kitara dans une lettre adressée au directeur général d’ERA. Sur le site du projet, plus exactement entre les localités de Kiryandongo et de Nwoya, plusieurs espaces naturels abritent la flore et la faune respectées par les populations et utilisées dans les rituels royaux.

La volte-face du gouvernement a déjà suscité des réactions, notamment des acteurs de l’industrie du tourisme. C’est le cas du célèbre homme d’affaires Amos Masaba Wekesa, le propriétaire de Great Lakes Safaris, une entreprise de tourisme qui exerce son activité sur l’ensemble de la région des Grands Lacs en Afrique de l’Est. Selon lui, la relance du projet hydroélectrique est préoccupante. « Avec la destruction planifiée des chutes Murchison, moins de touristes viendront en Ouganda », affirme Amos Masaba Wekesa.

Jean Marie Takouleu

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