L’entreprise chinoise Sinohydro vient d’entamer des négociations avec le gouvernement ougandais pour l’obtention d’un délai supplémentaire pour la livraison du barrage et la centrale hydroélectrique de Karuma de 600 MW. Le chantier lancé en 2013 est financé en partie par Exim Bank of China.
Il va falloir encore attendre avant la distribution des premiers mégawatts d’électricité produits à partir de la centrale hydroélectrique de Karuma. L’entreprise chinoise Sinohydro responsable de sa construction accuse du retard. Le chantier est arrivé à échéance le 30 novembre 2020. La société basée à Pékin a entamé des négociations avec le gouvernement ougandais pour le prolongement du délai de livraison de la centrale dont la construction a commencé en 2013.
Initialement, les travaux relatifs à ce projet devraient être livrés en 2018. En septembre 2019, Sinohydro a achevé les premiers tests de fonctionnement du barrage, indiquant que le chantier était achevé à 95 %. Elle prévoyait de mettre en service l’ensemble des installations en décembre 2019. Un an plus tard, il n’en est toujours rien.
L’impact sur le remboursement de la dette
Les négociations entre l’entreprise d’État chinoise et le gouvernement ougandais promettent d’être difficiles, puisque les reports répétitifs affectent l’échéance de payement de la dette contractée par l’État ougandais pour le financement du projet. Cette dette s’élève à 1,4 milliard de dollars que Kampala remboursera à Exim Bank of China qui a financé la construction de la centrale hydroélectrique à 85 %.
Le barrage de Karuma est construit sur le Nil Victoria (portion du Nil Blanc située entre le lac Victoria et le lac Kyoga, Ndlr). La retenue d’eau a une hauteur de 20 m, avec une longueur de crête de 312 m. Le réservoir de la du barrage arbore une longueur de 35 km et occupe une superficie de plus de 2 700 hectares. Le volume brut du réservoir est estimé à 79,87 millions de m³. Il dispose de six prises d’eau qui alimentent les six turbines Francis fournies par l’entreprise française Alstom. Elles ont été installées dans une centrale construite dans une caverne de 200 m de long. L’ensemble des six turbines produit 600 MW.
Des défauts sur le barrage
Le retard de livraison des travaux est en partie lié aux défauts observés sur le barrage lors d’une visite d’inspection des responsables de l’Uganda Electricity Generation Company Limited (UEGCL). « C’est une bonne chose que les non-conformités aient été identifiées et qu’elles doivent être traitées pour que les tests puissent être effectués. Toutes les non-conformités critiques doivent être correctement identifiées et des délais pour leur correction doivent être convenus », a affirmé récemment Isaac Mutenyo, le président du Conseil d’enregistrement des ingénieurs de l’UEGCL. Il met également en garde contre la mise en service du barrage hydroélectrique de Karuma avant de travailler sur les imperfections relevées. Les autorités pourraient être tentées de mettre en service cette importante installation hydroélectrique en cette période préélectorale.
Jean Marie Takouleu