Dans un rapport intitulé : « Pétrole en Afrique de l’Est : les communautés en danger », la FIDH et Oxfam dénoncent le méga projet pétrolier mené par le géant français Total et son partenaire chinois Cnooc (la China National Offshore Oil Corporation) en Afrique de l’Est. « Ce projet, s’il est mené à bien, affectera plus de 12 000 familles et provoquera la destruction des écosystèmes sensibles dans une région dont la biodiversité est l’une des plus riches au monde », souligne le rapport publié le 10 septembre 2020. Fruit de deux années d’enquêtes, le rapport déplore notamment le sort réservé aux réserves naturelles au sein desquelles sont situés les gisements de pétrole. L’un des gisements à exploiter s’étend jusque dans les Murchison Falls, le plus grand parc national de l’Ouganda, déjà menacé par un projet hydroélectrique de Bonang Power.
Mais certaines des « allégations » contenues dans ce rapport ont été battues en brèche par Total qui détient les deux tiers du capital du projet. Le pétrolier dément avoir exercé des pressions sur des activistes, et se dit déterminé à « poursuivre le dialogue utile » avec les ONG et les communautés, et à prendre en compte certaines de leurs recommandations.
Le projet en question est développé autour du lac Albert en Ouganda, où d’importants gisements de pétrole brut ont été découverts en 2006. Le premier volet du projet consiste à extraire le brut en forant plus de 400 puits de pétrole avec l’objectif de produire 200 000 barils par jour. Alors que le second volet consiste à construire un oléoduc de 1 440 kilomètres qui permettra de relier les champs pétroliers ougandais au port tanzanien de Tanga, pour expédier le pétrole vers les marchés internationaux.
Danger de marée noire
La FIDH et Oxfam ne sont pas les seules à militer contre ce projet pétrolier dont le lancement des travaux est prévu pour fin 2020. En juillet 2019, Total a été attaqué en justice en France, par six ONG qui l’accusent de ne pas prendre en compte les impacts du projet sur les populations et l’environnement. Le tribunal de commerce de Nanterre, en banlieue parisienne, devra d’ailleurs se prononcer sur cette affaire le 28 octobre 2020.
Cette action contre Total est menée par l’ONG française de protection de l’environnement Les Amis de la Terre. Selon l’organisation, les conséquences d’une marée noire dans la zone du lac Albert seraient catastrophiques. « Nous sommes sur un des points de source du Nil avec tout un réseau d’oléoducs prévus qui doivent passer sous le Nil. Des possibilités de forages horizontaux sont aussi prévues sous le lac Albert, avec de grands risques de contamination » affirme Juliette Renaud, chargée de plaidoyer pour l’ONG Les Amis de la Terre.
Boris Ngounou