Le Comité de transition sur les pertes et préjudices parviendra-t-il à réunir les conditions nécessaires pour l’opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages climatiques avant la 28e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) ? Rien n’est moins sûr. La quatrième réunion du comité s’est soldée par un échec dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 octobre en Égypte.
Parmi les points de blocage pour l’opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages figure le choix des États-Unis d’Amérique qui veulent placer le fonds au sein de la Banque mondiale, alors que cette institution de Bretton Woods est de plus en plus critiquée dans les pays du sud, notamment en Afrique où les dirigeants réclament une réforme profonde de son fonctionnement. Les pays du sud plaident plutôt pour la création d’une institution indépendante que certains experts jugent déjà longue à mettre en place et à alimenter « avec de l’argent frais ».
Quel rôle pour la Chine ?
À côté de cette position américaine, il y a également les réticences des pays riches qui « semblent plus enclins à fuir ou à minimiser leur responsabilité qu’à s’engager dans des négociations de bonne foi pour parvenir à des résultats justes », regrette Rachel Cleetus, la directrice politique et économiste en chef du programme sur le climat et l’énergie de l’Union of Concerned Scientists (UCS) à l’issue de la réunion du comité de transition.
Lire aussi- AFRIQUE : paiement des pertes et dommages, le pétrolier Shell, interpellé
Les Occidentaux comptent également inclure la Chine dans les pays contributeurs du Fonds pour les pertes et dommages. Lors de la COP27 à Charm el-Cheick il y a près d’un an, Pékin s’est dit favorable à la mise en place d’un tel mécanisme. Cependant, « ce sont les pays émetteurs historiques, les États-Unis d’Amérique et l’Europe en premier chef qui doivent abonder ce fonds », avaient indiqué les négociateurs chinois.
Retour à la table des négociations en début novembre 2023
Sauf qu’aujourd’hui, la Chine occupe la deuxième place des pays les plus pollueurs de planète, derrière les États-Unis d’Amérique, et devant l’Inde, le Brésil, et la Russie. Face à la difficulté de trouver le compromis, le Comité de transition sur les pertes et préjudices qui a organisé sa première réunion en mars 2023 donne à nouveau rendez-vous à ses membres du 3 au 5 novembre 2023 à Abou Dhabi aux Émirats arabes unis (EAU).
Cette fois, les négociateurs n’ont plus droit à l’erreur. « Les yeux du monde entier sont braqués sur vous pour parvenir à des recommandations claires, nettes et solides avant la COP28 pour mettre en œuvre le Fonds pour les pertes et dommages et la façon de l’abonder », a prévenu Sultan Al Jaber, le président de la COP28, à l’issue de la réunion d’Assouan. La grand-messe sur le climatique sera organisée du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï. Lors de la COP27, les pays présents se sont accordés pour la mise en place d’un Fonds pour les pertes et dommages, présenté comme « une victoire majeure pour les pays en développement et les communautés en première ligne face à la crise climatique ».
Jean Marie Takouleu