À l’issu du Sommet africain pour le climat ce 6 septembre 2023 à Nairobi, au Kenya, les chefs d’État et de gouvernement africains adopteront la déclaration finale de la rencontre. William Ruto, le président kenyan souhaite l’esquisse de « solutions africaines » à proposer à la 28e Conférence des Parties sur le climat de l’ONU (COP 28), qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre 2023 aux Émirats Arabes Unis (EAU). C’est ainsi qu’en collaboration avec le secrétariat de l’Union africaine (UA), le pays d’Afrique de l’Est a préparé le texte qui doit définir la position commune des 54 pays africains dans les négociations climatiques à Dubaï. Mais contre toute attente, sa présentation le 4 septembre 2023 aux ministres de l’Environnement africains à Nairobi, a suscité des désaccords.
Une dizaine de représentants de pays ont pris la parole, à commencer par les Comores qui assurent la présidence tournante de l’UA. « Nous avions demandé que le rôle des océans et de l’économie bleue figure dans le texte », a regretté Houmed Msadié, ministre en charge de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Environnement (par ailleurs, porte-parole du gouvernement comorien), peut-on lire dans un article publié par le journal français Le Monde. Autre mécontent, c’est le Botswana qui souhaite que la question de l’adaptation au changement climatique soit posée de manière claire dans la future déclaration du premier Sommet africain pour le climat.
Un avis partagé par l’Égypte qui a demandé précisément que l’objectif de doublement des financements internationaux dédiés à cette adaptation soit inscrit dans le texte final de Nairobi. La ministre sud-africaine de l’Environnement, Barbara Creecy, quant à elle, a déclaré que son pays ne soutiendrait pas « l’appel en faveur d’un nouveau régime fiscal mondial pour financer l’action climatique à grande échelle ». Sur ce point, le Nigeria a aussi émis des réserves, indique le journal français Le Monde.
Une position unique africaine serait un début de solution à la crise climatique
L’une des sorties les plus remarquées a été bien sûr celle d’Arlette Soudan-Nonault, la ministre congolaise de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo pour qui il est important aussi de souligner la contribution et les attentes de l’Afrique à l’égard des plus gros pollueurs. Ces derniers n’étant pas forcément « africains » a-t-elle martelé. « C’est un texte qui engage le continent pour la COP28 et bien au-delà. Nous ne pouvons pas accepter une déclaration dont certains passages présentes la situation de manière aussi choquante pour les africains », regrette l’autorité congolaise qui prépare le Sommet des trois bassins prévu à Brazzaville du 26 au 28 octobre 2023. Certains ministres de l’Environnement étaient d’autant plus choqués que leurs propositions avaient déjà été transmises au Secrétariat de l’UA, ainsi que des organisations internationales. « Il ne peut y avoir deux positions africaines, celle écrite à Nairobi et celle de notre groupe de négociateur », indique le ministère éthiopien de l’Environnement. Et l’Alliance panafricaine pour la justice (Pacja) de préciser à l’envoyée spéciale du Monde : « l’Afrique ne doit pas s’engager dans de fausses solutions. Le continent est ravagé par le dérèglement climatique et les marchés du carbone que le sommet veut promouvoir ne serviront pas la justice climatique ».
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En effet, si William Ruto tient à la transition énergétique, stimulée par le remplacement progressif des combustibles à base de carbone par des énergies renouvelables, c’est loin d’être le cas pour tous les pays africains qui cherchent encore à résoudre l’équation de l’accès à l’électricité. D’ailleurs, 600 millions de personnes sont toujours privées de ce service de base en Afrique. Aux besoins d’accès à l’électricité s’ajoutent les problèmes d’accès à l’eau face à la sécheresse, de sécurité alimentaire, etc.
Les regards restent donc tournés vers Nairobi où tout devrait se décider a priori.
Inès Magoum