Le mouvement du 23 mars (M23) est à nouveau accusé de pillage des ressources faunique et florales du parc national des Virunga, situé à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Quatorze organisations environnementales viennent de saisir le président RD congolais, pour qu’une solution urgente soit trouvée afin de sauver le site classé au patrimoine mondial de l’humanité.
Dans une correspondance adressée le 20 juillet 2023 au président de la République démocratique du Congo, quatorze organisations environnementales dénoncent les actes de pillage posés par des groupes armés dans le parc national des Virunga, à l’Est du pays. Le mouvement du 23 mars (M23) est le principal groupe armé pointé du doigt par les militants écologistes. Cette rébellion est accusé de faire le braconnage, la carbonisation, le trafic de bois et charbon de bois, le trafic des bébés primates et autres, dans la plus vieille réserve naturelle d’Afrique, créée en 1925, et inscrit depuis 1979, au patrimoine mondial de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, est appelé à trouver une solution urgente pour préserver ce site capital pour la biodiversité. Les quatorze organisations demandent également au chef de l’État d’inclure, dans ses actions diplomatiques, la nécessité de protéger ce qui reste du parc national des Virunga. Elles exigent en outre une enquête mixte, impliquant la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), afin que soit réprimé ces actes, qu’elles appellent crimes environnementaux et crime de guerre.
Déloger le M23, du parc des Virunga
C’est la deuxième fois, en l’espace de six mois, que le président RD congolais est interpelé sur les ravages du M23 dans le parc des Virunga. Dans une lettre ouverte adressée le dimanche 15 janvier 2023 au président Félix Tshisekedi, Gorilla Ambassador, alerte sur les menaces du M23 contre les espèces animales du parc des Virunga, après son cantonnement au Mont-Sabinyo dans le territoire de Rutshuru dans le Nord-Kivu. Pour le directeur-adjoint de cette organisation, Alain Mukiranya, les espèces animales sont menacées par le braconnage dans la région de Mont Sabinyo, occupée par le M23. « Ce cantonnement des rebelles au Mont Sabinyo est un danger pour les gorilles qui sont déjà menacées depuis longtemps par les guerres, les braconnages et la perte d’habitat. La présence de ces rebelles (le M23, Ndlr) va augmenter le taux de braconnage parce qu’ils vont chasser et couper les arbres pour produire du charbon de bois destiné à la vente », alerte Alain Mukiranya.
Le groupe rebelle M23 a par ailleurs installé sa base arrière dans la zone du parc occupée par les gorilles de montagne, rendant impossible le suivi des primates. Dans un communiqué publié le 20 décembre 2022 par l’Institut congolais de conservation de la nature (ICCN) qui assure la gestion du parc, les rebelles du M23 sont présentés comme la principale menace qui pèse actuellement sur les gorilles des montagnes du parc national des Virunga.
Le M23, groupe armé majoritairement tutsi (une ethnie du Rwanda voisin) vaincu en 2013, a repris les armes en fin 2021 et accentué son offensive en octobre 2022, s’emparant de larges pans d’un territoire au nord de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, à l’Est de la RDC. La région sert de base arrière à une dizaine d’autres groupes armés locaux, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Boris Ngounou
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