RDC : Kinshasa dit non au transfert d’eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad

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Le lac Tchad vu du ciel

La République démocratique du Congo (RDC) s’oppose au projet de transfert d’eau pour compenser l’assèchement du lac Tchad. Le pays craint des conséquences sur des écosystèmes du pays.

La nouvelle est tombée comme un coup de massue pour la commission du bassin du lac Tchad (CBLT). Le 5 avril 2018, la République démocratique du Congo a annoncé son opposition au projet de transfert d’eau vers le lac Tchad. Ce projet baptisé Transaqua visait à éviter l’assèchement du lac Tchad.  « Il ne sera pas question pour la RDC de transférer les eaux de la rivière Oubangi vers le lac Tchad », a assuré Amy Ambatobe, ministre congolais de l’Environnement et du Développement durable, lors de son passage devant parlement. Cette décision est survenue au moment où se tenait le 7 avril dernier en suisse la réunion sur la faisabilité du projet Transaqua.

Élaboré depuis 1970 par Bonifica compagnie italienne, le projet Transaqua avait deux objectifs principaux : la remise en eau du lac Tchad à partir des eaux du fleuve Congo en creusant un canal de 2 500 km depuis la RDC, à travers la Centrafrique, jusqu’au lac Tchad. Le canal aurait été suffisant pour stabiliser la surface du lac Tchad et le développement d’infrastructures de transport, d’énergie et agricoles pour toute l’Afrique centrale. Le volume de prélèvement prévu était de l’ordre de 100 milliards de mètres cubes d’eau annuellement.  Dès le départ, le coût du projet avait été évalué à près de 14 milliards de dollars par l’entreprise italienne Bonifica. Bien plus, un accord avait été signé entre PowerChina et la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) dans la capitale nigériane, Abuja, le 13 décembre 2016.  Pour la CBLT, Powerchina étudierait la faisabilité des étapes initiales « d’un projet d’infrastructures créant un corridor de développement reliant l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique centrale ». PowerChina entreprise chinoise qui a déjà piloté plusieurs projets en Afrique notamment la construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele au Cameroun. L’étude de faisabilité suit son cours et les résultats sont attendus.

Les craintes de la RDC

Les raisons invoquées par la RDC sont de plusieurs ordres. Le gouvernement craint que par une gestion abusive, ce soit l’Oubangui qui subisse dans quelques années le même sort que le lac Tchad. La réalisation du projet causerait aussi de nombreux problèmes d’hybridation des espèces animales aquatiques, la disparition de certains maillons des chaînes non adaptées aux nouvelles conditions de vie créées par la jonction des eaux des deux régions, le risque d’apparition de nouvelles maladies limitées à l’une ou l’autre région…

Il faudra donc chercher d’autres solutions pour contenir l’abaissement des eaux du lac Tchad, qui se situe à la frontière de quatre pays : le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad. Le lac Tchad aurait perdu, en l’espace de 40 ans, 90% de sa superficie, du fait non seulement des changements climatiques, mais en raison d’une gestion anarchique de la ressource. Avant toutes choses, il faudra donc poser un diagnostic précis sur les causes de ce recul des eaux.

 Jean Baptiste Bodo

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