Le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, vient d’achever une visite de travail en République démocratique du Congo (RDC). Au cours de ce déplacement, il s’est rendu sur le site du projet hydroélectrique du Grand Inga, à une trentaine de kilomètres de la ville de Matadi, dans la province du Bas-Congo, au sud-ouest du pays.
Akinwumi Adesina en a profité pour annoncer que la BAD allait financer les études de faisabilité du futur barrage hydroélectrique à hauteur de 73 millions de dollars. « Inga signifiant “oui” en langue locale, la BAD dit également oui pour l’accompagnement de ce projet très attendu pour l’industrialisation de l’Afrique », a ajouté Akinwumi Adesina. Il s’agit d’un premier pas dans le développement de ce projet qui permettrait de produire 11 000 MW d’électricité.
Un méga projet à plus de 18 milliards de dollars
Selon le président de la BAD, pour réussir la mise en œuvre de l’immense projet hydroélectrique du Grand Inga, il faudra une « vision claire de la part du gouvernement congolais, un engagement personnel du Chef de l’État et un accompagnement des institutions régionales, dont la BAD ».
Le financement de la BAD est le deuxième signal fort depuis la relance de ce projet en 2013. Le premier a eu lieu en 2018 avec le choix du consortium chargé d’assurer la conception, le financement et la construction du grand barrage. Il s’agit de l’entreprise espagnole Actividades de Construcción y Servicios (ACS), ainsi que des sociétés chinoises China Three Gorges Corporation (CTG) et Sinohydro. Elles mettent actuellement en place un plan de financement qu’elles devraient ensuite transmettre aux autorités congolaises.
Après cette étape, les entreprises pourront concevoir et construire le barrage hydroélectrique du Grand Inga, qui devrait coûter 18 milliards de dollars, soit le tiers du budget annuel de RDC. Le barrage sera construit en amont de la prise d’eau de Nkokolo. La retenue d’eau s’élèvera à une hauteur de 200 m. Les défenseurs de l’environnement tirent déjà la sonnette d’alarme sur le fait que des milliers d’hectares de forêt pourraient être inondés à cause du barrage.
D’ailleurs, une coalition de 32 organisations de la société civile congolaises, impliquées dans la protection de l’environnement, affirme avoir essayé sans succès de rencontrer le président de la BAD, lors de sa visite en RDC. Elle voulait attirer l’attention des responsables de l’institution financière sur les risques liés au projet. « Les risques sociaux et environnementaux élevés du projet du Grand Inga sont évidents. Nous, communautés touchées par Inga I et II, luttons depuis des décennies pour obtenir une juste de compensation, et continuons de subir les conséquences économiques et culturelles liées à la perte de nos terres. Beaucoup de ménages risquent d’être déplacés à nouveau par le projet du Grand Inga », a indiqué Albert Tona, membre de la communauté d’Inga.
Jean Marie Takouleu