Le lien entre Droits de l’Homme et biodiversité se précise en Afrique. Dans une étude publiée en 2021, la Rainforest Foundation Norway (RFN) relève et déplore la modicité de la finance climatique allouée aux peuples autochtones et des communautés locales (IPLC) des pays tropicaux. Au cours des dix dernières années, ces derniers n’ont reçu qu’environ 270 millions de dollars par an en moyenne. Cela équivaut à moins de 1% de l’aide publique au développement (APD) destinée à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation au changement climatique sur la même période. Cela ne représente également que 30% de ce qui a été identifié comme nécessaire pour une réforme foncière transformationnelle dans seulement 24 pays tropicaux.
Mais pour les IPLC de la République démocratique du Congo (RDC), la situation devrait s’améliorer. La Wildlife Conservation Society (WCS) et la RFN, ont mis sur pied un fonds dont l’accès est direct pour ces peuples. Il s’agit du Fonds forestier pour les peuples autochtones et les communautés locales (IIFF). Lancé le 22 septembre 2023, lors du Sommet des Nations unies sur l’ambition climatique à New York, ce fonds de 5 millions de dollars permettra aux peuples autochtones des forêts notamment ceux des provinces de l’Équateur et du Sud-Kivu (Aka et Twa), de jouer un rôle de premier plan dans la sécurisation, la protection et la gestion des forêts dont ils dépendent. Ces groupes jaloux de leurs « terres » ont par exemple l’habitude de s’opposer à la déforestation et au commerce illégal des espèces sauvages.
«La création de cette facilité démontre notre engagement à faciliter les opportunités de financement pour les peuples autochtones et les communautés locales en respectant leurs valeurs et leur rôle dans la protection des forêts du bassin du Congo. Les communautés jouent un rôle central dans la protection des écosystèmes à haute intégrité et, à leur tour, les écosystèmes à haute intégrité sont essentiels au bien-être des communautés, car leurs savoirs endogènes (guérison par les plantes, Nldr), traditions, moyens de subsistance et systèmes fonciers sont profondément liés à ces forêts de RDC. », explique Jean-Paul Kibambe, directeur du programme pays pour WCS RDC. Et pourtant, ces premières populations qui sont les témoins au quotidien de l’exploitation illégale du bois et de l’extraction minière en milieu forestier, sont bien souvent oubliées par la communauté internationale.
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Une partie du nouveau financement sera destinée à lutter contre les expulsions abusives des peuples autochtones en RDC et à leur donner un accès direct aux capitaux (sans intermédiaires) pour développer une foresterie communautaire ainsi que leurs pratiques historiquement écologiques. L’on sait également que le lancement du Fonds a été rendu possible par un financement de démarrage du Bezos Earth Fund, créé par le milliardaire américain Jeff Bezos, de l’Initiative internationale norvégienne pour le climat (NICFI) et les forêts et du Programme de gouvernance forestière, de marchés et de climat du gouvernement britannique (FGMC), qui pèse 288 millions d’euros.
Boris Ngounou