Deuxième plus grande forêt tropicale du monde après la forêt brésilienne, la forêt congolaise d’une superficie de 155 millions d’hectares, représente l’un des derniers rempares de la planète contre le réchauffement climatique, tout comme elle un point chaud de biodiversité. Elle abrite des éléphants de forêts, des gorilles, des bonobos, des okapis, des centaines d’espèces d’oiseaux et des milliers de plantes.
En 2002, suite à la guerre civile qui a paralysé la République démocratique du Congo (RDC), le gouvernement a décrété un moratoire pour empêcher le pillage de ces immenses forêts et protéger ainsi leur biodiversité. Avec l’appui de la Banque mondiale, la RDC était supposée transformer son secteur forestier en une industrie durable qui devait générer des milliards de dollars de revenus et des milliers d’emplois, tout en protégeant la forêt.
Le gouvernement RD Congolais a également mis en vigueur le code forestier du 29 août 2002, qui dispose entre autres, que toute forêt à concéder fasse l’objet d’une enquête préalable de manière à pouvoir la rendre libre de tout droit. Ici également, la consultation des populations riveraines de la forêt est obligatoire pour garantir la paix sociale et la jouissance paisible des forêts concédées.
Mais en violation de ce cadre normatif, de nombreux contrats d’exploitation forestière seront délivrés, au grand dam des organisations non gouvernementales (ONG) de protection de l’environnement et des communautés locales.
Plus de 12 titres attribués en violation du moratoire de 2002
Pour arrêter la saignée de la forêt congolaise, le ministère congolais de l’Environnement a instruit l’Inspection générale des finances (IGF) de réaliser un audit sur l’octroi de concessions forestières. Publié le 26 avril 2022, le rapport d’audit évoque de nombreuses irrégularités dans la gestion des ressources forestières dans le pays d’Afrique centrale. Douze des 18 contrats d’exploitation forestière épinglés par le rapport de l’IGF ont été suspendus par la ministre congolaise de l’environnement. Ces 12 contrats de concessions forestières d’exploitation et de conservation se trouvant dans les provinces de Tshopo (est), Mongala (ouest), Mai-Ndombe (ouest) et l’Équateur( nord-ouest ). Selon la ministre Ève Bazaïba, les 12 contrats suspendus ne respectent ni les communautés ni la biodiversité.
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Le rapport de l’IGF constitue par ailleurs un pas vers les engagements du gouvernement RD congolais vis-à-vis l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi). En marge de la COP26 qui s’est tenu en novembre 2021 à Glasgow en Écosse, RDC a signé un accord de 500 millions de dollars avec le Cafi, pour la gestion durable de sa couverture forestière.
Boris Ngounou