C’est un coup dur pour le parc national des Virunga qui renoue à peine avec l’écotourisme. Au moins six éco-gardes ont été tués dans une embuscade tendue par des hommes armés le dimanche 10 janvier 2021 alors qu’ils effectuaient une patrouille à pied. Si de nombreux observateurs pointent du doigt les miliciens Maï-Maï qui pullulent dans la région, la direction du parc précise que l’attaque s’est déroulée au lieu-dit Kabuendo, en bordure du parc, dans le secteur centre, entre Nyamilima et Niamitwitwi.
« Les gardes de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) sont des agents de l’État en charge de la mise en application de la loi. Ils n’ont pas un statut militaire et leur action ne relève pas du droit des conflits armés. Aucun effort ne sera ménagé pour traduire en justice les auteurs de cette nouvelle attaque ignoble dans le respect de l’État de droit », promet la direction du parc national des Virunga.
Une attaque de plus
Le parc national de Virunga qui regorge une importante population de gorilles de montagne est touchée par divers fléaux notamment le braconnage, l’exploitation minière illégale et surtout l’insécurité patente à l’est de la RDC. Le 11 mai 2018, la direction du parc national des Virunga a été contrainte de suspendre toute activité touristique après la mort d’une éco-garde et l’enlèvement de trois personnes, dont deux touristes britanniques, libérées deux jours plus tard. Le parc est rouvert aux touristes en février 2019 après « un audit mené par un organisme internationalement respecté », indiquait alors Emmanuel de Mérode, le directeur du parc national de Virunga.
Une nouvelle force pour la préservation de la biodiversité
Pourtant, trois années plutôt, face à l’insécurité grandissante dans les parcs nationaux à l’est du pays, les autorités RD congolaise ont décidé de la création du Corps en charge de la sécurisation des parcs nationaux (CorPPN), avec pour principale mission d’assurer la protection des parcs nationaux et des réserves naturelles ; et appuyer la lutte anti-braconnage et la criminalité sur les espèces sauvages dans l’ensemble du pays.
La force est placée sous la tutelle des ministères congolais de la Défense nationale, de l’Environnement et du Tourisme, avec des opérations coordonnées par l’Institut congolais pour la conservation de la nature. Les effectifs du CorPNN sont composés à la fois d’éléments de l’armée nationale RD congolaise, de la police, des services spécialisés dans la sécurité, des conservateurs et des gardes de l’ICCN. Le gouvernement congolais de l’époque avait décidé de les déployer dans les cinq sites du patrimoine mondial de la RDC, notamment les parcs nationaux de Kahuzi-Biega, Garamba, Salonga, les Virunga, la réserve de faune à okapis ; ainsi que dans les parcs nationaux de la Maiko, Upemba, Lomami et Kundelungu.
Jean Marie Takouleu