Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a procédé le lundi 31 janvier 2022 dans la localité de Banana dans la province du Kongo Central, à la pose de la première pierre du chantier de construction du tout premier port en eau profonde de son pays. D’un coût total estimé à 1,3 milliard de dollars la réalisation du méga projet est assurée par l’entreprise émiratie DP World (DPW), filiale de Dubai World. La première phase du projet prévoit la construction d’un quai de 600 mètres et d’une plateforme de stockage sur 25 hectares. La plateforme aura une capacité annuelle de plus de 300 000 conteneurs, soit plus de 1,3 million de tonnes de marchandises.
Malgré les emplois et les revenus économiques garantis par ce projet de port en eau profonde, sa réalisation est dénoncée par plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) de protection de la nature. C’est que le port en profonde de Banana est réalisé dans une zone protégée, rappelle Jean Marie Muanda, coordinateur provincial du Groupe de travail climat basé dans le Kongo Central. « Une zone importante du parc marin des mangroves pourrait être affectée par ce projet. C’est une zone de biodiversité importante pour la région mais aussi, il y a des espèces endémiques dans la zone, notamment les lamantins. Je pense que les autorités devraient prévoir des mesures d’investigation pour éviter à ce que la réalisation du port en eau profonde de Banana puisse être un réel problème pour la biodiversité locale », affirme Jean Marie Muanda.
Un site Ramsar
Le parc marin des Mangroves a étét créé en 1992. D’une superficie de 768 km², elle est située sur la rive nord de l’embouchure du fleuve Congo, à proximité des localités de Banana et Moanda. Le parc a été désigné site Ramsar le 18 janvier 1996. Outre les lamantins, cet espace gardé par un conservateur et près de 20 rangers abrite également des hippopotames, diverses espèces de singes, des crocodiles, des varans, des tortues, des serpents.
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Pour préserver ces espèces sauvages, déjà menacées par le braconnage, Apollinaire Nsoka Ngimbi, le coordonnateur de l’Initiative pour le développement local (Idel) a demandé au gouvernement RD congolais de « mener des études d’impact environnemental avant la réalisation du port ». Le gouvernement doit prévoir, poursuit-il, « des mécanismes de compensation avant la pose de la première pierre, car jusqu’à aujourd’hui ces mécanismes d’alternatives ne sont pas clairs ».
Et pourtant à l’Institut congolais pour la préservation de la nature (ICPN), l’on se veut plutôt rassurant. Olivier Mushiete le directeur de l’ICPN, assure qu’ils vont tout faire pour se rapprocher des promoteurs du projet de façon à les encourager à mettre en place un dispositif de surveillance permanent des impacts environnementaux du port.
Boris Ngounou