Un contrat a été noué le 19 octobre 2019 à Kinshasa, entre les populations et les autorités publiques. Lors du lancement officiel de la campagne de nettoyage dénommée « Kin Bopeto » (en lingala, Kinshasa propre), le président de la République a été clair : « vous demandez que nous luttions contre le vol, la corruption et le détournement de fonds publics. Nous vous demandons de changer de mentalité. Il faut changer. En lançant « Kin Bopeto », nous lançons également un message très fort à tout le pays. » A déclaré le président Félix Tshisekedi devant l’assistance réunie devant l’hôtel de ville de Kinshasa.
Pour le gouvernement congolais le succès de « Kin Bopeto » passera nécessairement par un changement de comportement de la part des habitants de la ville, qui sont au nombre de 15 millions environ. « Ce programme est volontariste. Pour les journées Bopeto, la ville ne débourse rien. La ville en appelle au civisme et au patriotisme de tout un chacun. Ce programme consiste à faire de Kinshasa une ville plus propre, plus belle et plus verte. », a insisté Germain Mpundu, le coordonnateur de « kin Bopeto ».
Une prime chaque mois pour le quartier le plus propre
L’opération de cinq ans est budgétisée à hauteur de 363 millions d’euros. Chaque derniers samedi du mois, près de 300 camions seront mobilisés pour recueillir les immondices ainsi que les épaves de véhicules abandonnés qui jonchent certaines artères de la ville. Pour motiver les populations à participer activement à ces trois heures de travail d’intérêt général, le gouvernement provincial de Kinshasa promet des récompenses financières tous les mois, pour le quartier le plus propre. « Ce montant ne sera pas distribué en espèces. Il est consigné et va aider à financer un projet qui sera choisi par le quartier qui recevra cette distinction. » a expliqué le coordonnateur du programme « Kin Bopeto ».
La Régie d’assainissement de Kinshasa a affirmé le 14 novembre 2018 que la ville de Kinshasa produit par jour 90 000 tonnes de déchets, dont seulement 20 000 tonnes sont dégagées au quotidien, faute de moyens. Ce manquement à la collecte des ordures, donne à la troisième plus grande agglomération d’Afrique, les allures d’une ville poubelle. Cette situation date de 2015, avec la fin du Programme d’assainissement urbain de Kinshasa (Pauk), financé par l’Union européenne à près de 900 000 euros par mois. Une enveloppe qui représente plus du double du budget (près de 360 000 euros) actuellement consenti par la ville pour la collecte des ordures.
Boris Ngounou