Au sud du Congo dans la province du Kasaï, d’importants détritus flottent sur les rives de Tshikapa, Kasaï, Fimi et Kwilu. Conséquences : des populations déplacées, la disparition de la flore aquatique et des cadavres d’animaux aquatiques
Une couleur rougeâtre à perte de vue colore les eaux des rivières du sud de la République Démocratique du Congo. Les plus touchées sont celles de Tshikapa, Kasaï, Fimi et Kwilu. L’entreprise en cause serait Catoca (Sociedade Mineira de Catoca), la plus grande compagnie d’extraction de diamants d’Angola. Selon les premières informations fournies par les autorités congolaises, la pollution de ces rivières est provoquée par la fuite d’un barrage de résidus miniers, utilisé pour stocker les déchets toxiques, sur un cours d’eau angolais où les rivières congolaises trouvent leur source. Catoca a déclaré dans un communiqué qu’après avoir constaté que des résidus se sont déversés dans la rivière Lova, la brèche a été colmatée par l’installation de deux digues afin de filtrer les sédiments de l’eau. Pour les chercheurs congolais, la réaction tardive de l’entreprise responsable de l’extraction de diamants du pays voisin a pourtant entrainé de lourds effets polluants.
La province de Kasaï est la première touchée avec la mort en masse de ses poissons et ses hippopotames. La flore aquatique subit également de gros dégâts avec la disparition d’algues, des bryophytes et des champignons. Des centaines de personnes auraient contracté la diarrhée suite à l’absorption de cette eau contaminée. Selon le gouvernement, 13 des 18 zones de santé de la province du Kasaï ont été affectées et plus de 950 000 personnes sont ainsi exposées. Le Centre de recherche en ressources en eau du Bassin du Congo (CRREBC), basé à l’Université de Kinshasa, craint des conséquences plus importantes pour la région. L’une d’entre elles serait une contamination des eaux souterraines qui pourraient avoir des effets négatifs pendant plusieurs années. Il préconise donc la réalisation d’études conséquentes.
Modeste Kinsangala, hydro climatologue prévient sur Top Congo FM que : « la semaine passée, la pollution avait déjà atteint Mushie ; cette semaine, c’est au niveau de Kwamouth à 190 km de la capitale. Donc bientôt, c’est Kinshasa qui sera attaqué. D’ici la semaine prochaine, vous verrez les eaux au niveau de Muluku rougir ».
Les autorités congolaises pour la sauvegarde des régions touchées.
Après l’appel du président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi, qui invite à assurer la sauvegarde de l’écosystème des régions traversées par les rivières Tshikapa, Kasaï, Fimi et Kwilu, il a saisi le Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères afin qu’il obtienne de plus amples explications auprès du diplomate angolais en poste à Kinshasa. Le 25 août 2021, c’est au tour de la chambre basse du Parlement, d’entendre la Vice-premier ministre de l’Environnement et Développement durable, Ève Bazaiba. Au cours de cette rencontre avec les députés, elle aurait sollicité plus de temps afin de s’imprégner de la situation, en se rendant sur le lieu de la pollution. En attendant, des forages seront installés dans les zones touchées afin de permettre à la population d’avoir accès à de l’eau propre, car la consommation des eaux de la rivière a été interdite.
Cette semaine Ève Bazaiba Masudi et Christophe Lutundula, ministre des Affaires étrangères sont attendus en Angola pour une mission conjointe avec le gouvernement angolais. Une visite sera immédiatement conduite aux complexes miniers de Luo, Camatchia-Camagico et Catoca où se serait produite la fuite responsable de la pollution des rivières congolaises. Selon certaines informations en provenance de Kinshasa, les Congolais souhaitent activer le principe du pollueur-payeur, dans un contexte où les autorités du pays tentent depuis plusieurs mois de remettre de l’ordre dans le secteur minier.
Habib Tizi
