350Africa.org introduit une nouvelle méthode dans la contestation du projet d’exploitation du pétrole dans le parc des Virunga, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans un court-métrage, diffusé sur internet le 1er juillet 2021, l’organisation qui mobilise les populations africaines pour la cause environnementale, met en évidence le danger que représente l’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga.
Les militants écologistes et les populations qui s’expriment dans le film sont unanimes sur un point. Le gouvernement de la RDC devrait accorder la priorité à l’environnement et à aux communautés locales, « plutôt que de favoriser les intérêts des sociétés titulaires de permis d’exploitation pétrolière. Le gouvernement doit agir dans l’intérêt de ses populations en les protégeant et en créant des opportunités qui sont favorables aux moyens de subsistance des communautés et qui protègent les ressources naturelles de la région », affirme André Moliro, un militant pour l’environnement en RDC.
Le déclassement de deux parcs nationaux
La contestation des forages pétroliers dans le parc des Virunga a commencé en mars 2018. Le ministre congolais des Hydrocarbures, avait annoncé le déclassement d’une zone de 1720,75 km2 dans le parc des Virunga (représentant 21,5% de sa surface totale) et de 2767,5 km2 dans le parc de la Salonga (situé au centre du pays). Le déclassement de ces aires protégées (inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco) par décret présidentiel, permettrait aux autorités de vendre des permis d’exploration et d’exploitation des réserves de pétrole et de gaz présentes dans ces zones.
Cinq mois après cette annonce, plus de 23 000 Congolais ont signé une pétition adressée au président de la République Félix Antoine Tshisekedi, pour dire « non à toute initiative visant à désaffecter ou déclasser les parcs nationaux des Virunga et de la Salonga pour l’exploitation du pétrole ». En réaction à cette pétition, le cabinet du président de la RDC avait retardé le début des forages dans les deux parcs.
Une réelle menace sur la biodiversité et les populations locales
Mais les organisations locales exigent des actions légales. « Il y a un acte juridique qui a été posé par le président de la République qui est un décret présidentiel datant de 2010 qui créé un bloc pétrolier qui est superposé aux parcs des Virunga et de la Salonga. Aujourd’hui nous pensons que la fin de notre lutte consistera à l’annulation pure et simple de ce décret », affirme Michael Batakunda de l’organisation locale Innovation pour le développement et la protection de l’environnement.
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Etabli sur une superficie de 7900 km², le parc national des Virunga et celui de Salonga sont situés en plein cœur de la forêt équatoriale du bassin du Congo qui couvre plus de 2 millions de km². Elle est considérée comme le deuxième poumon vert de la planète après la forêt amazonienne, ce qui en fait une zone stratégique dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Toute activité pétrolière dans le parc et ses environs pourrait endommager de façon permanente les riches écosystèmes et la biodiversité de la zone et avoir un impact négatif sur des centaines de milliers de membres des communautés qui dépendent des ressources et activités du parc », explique Landry Ninteretse de 350Africai.org.
Boris Ngounou