Les agriculteurs d’Aru et Ituri, à l’est de la RDC, sont dans la panique depuis le 19 février 2020, date à partir de laquelle, des premiers couples de criquets pèlerins ont commencé à être aperçus dans les feuillages. L’état d’esprit des populations de ces localités est compréhensible, au vu des dégâts commis par ces insectes en Afrique de l’Est (Kenya, Éthiopie, Érythrée, Djibouti, Somalie, Soudan, Tanzanie et Ouganda). Selon des experts, dans cette sous-région voisine de la RDC, des nuées d’insectes voraces parcourent chaque jour, 150 kilomètres par jour, dévorant au passage 400 000 tonnes de végétaux.
« Ce qui nous inquiète beaucoup, c’est d’abord les dégâts que ces insectes vont causer sur les cultures. La population va perdre les récoltes. Leurs champs seront ravagés. Nous risquons de ne rien avoir à manger dans la ville de Bunia et en Ituri de manière générale », a déclaré Dieudonné Lossa, le président du syndicat des ingénieurs agronomes en Ituri. Au-delà des menaces sur la sécurité alimentaire, cette propagation des criquets pèlerins va entrainer des dommages environnementaux.
Lutte contre l’invasion des criquets pèlerins, péril sur la biodiversité
Pour l’heure, aucune mesure gouvernementale n’a encore été prise pour contrecarrer l’invasion des criquets pèlerins à l’est du Congo. Les autorités attendent les conclusions des travaux d’évaluations de la situation, en cours de réalisation dans la localité d’Aru.
En Afrique de l’Est, où l’invasion est apparue depuis décembre 2019, la mesure de lutte la plus courante consiste à rependre des pesticides sur les végétaux, par avion. Une fois les végétaux traités, les insectes ont deux alternatives : soit partir, soit manger et mourir.
« Mais l’épandage de pesticides généralement chimiques, sur de grandes superficies, expose la région à une catastrophe environnementale », a mis en garde Cyril Piou, chercheur au Centre de coopération internationale en recherches agronomiques pour le développement (Cirad). Les pesticides chimiques sont en effet nocifs pour les sols, la nappe phréatique et la faune aquatique.
Une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF), publiée le 12 février 2020, indique pourtant que les États ont tout intérêt à protéger la Biodiversité. Selon cette étude, si rien n’est fait, la disparition progressive des écosystèmes coûtera au moins 479 milliards de dollars par an au niveau mondial, soit près de 10 000 milliards de dollars d’ici à 2050.
Cependant, le recours aux pesticides reste malgré tout d’actualité, les pays atteints par l’invasion des criquets pèlerins. Car les gouvernements opèrent vite le choix entre la préservation de la sécurité alimentaire (protection directe de la vie humaine) et la préserver la biodiversité.
Boris Ngounou