Kigali met la durabilité au centre de son développement. C’est dans ce cadre qu’intervient le projet de valorisation des déchets organiques en engrais, lancé récemment dans la capitale rwandaise. Le projet entrepris par la municipalité de Kigali vise la transformation de 70 % des déchets organiques générés par la ville, au cours des trois prochaines années.
La conversion des ordures en engrais se fera dans une nouvelle usine, dont la capacité n’a pas été précisée. Mais l’installation valorisera les déchets organiques stockés dans la décharge de Nduba, dans le district de Gasabo. C’est la seule décharge qui reçoit actuellement les déchets solides de Kigali. La quantité d’ordures a augmenté de 141,38 tonnes par an en 2006 à 495,76 tonnes en 2015, selon la Société de l’eau et de l’assainissement (Wasac) qui fournit les services d’eau et d’assainissement dans le pays d’Afrique de l’Est.
Un projet de 3,9 millions de dollars
Les déchets pris en charge dans la future unité de recyclage seront triés au préalable par les ménages. L’appel a été lancé le mardi 8 février 2022, au même moment qu’une opération de distribution de sacs poubelles aux populations. La distribution des sachets a commencé dans les secteurs de Kimironko, Kacyiru, Niboye, Muhima, Nyakabanda. « C’est le succès du tri des déchets au niveau des ménages qui permettra d’atteindre l’objectif de convertir 70 % des déchets organiques de Kigali en engrais. Nous pourrions à nouveau subventionner le coût qu’ils paient aux entreprises qui transportent ces déchets vers la décharge de Nduba », affirme John Mugabo, spécialiste de la gestion des eaux usées et des déchets urbains dans la ville de Kigali.
Les autorités de Kigali estiment que ce nouveau projet de recyclage nécessitera un investissement de 4 milliards de francs rwandais, environ 3,9 millions de dollars. Une partie des fonds servira à la mise en place d’une décharge moderne, près de la décharge actuelle de Nduba. « Nous avons déjà lancé un appel d’offres pour ce volet du projet. La future installation disposera d’équipements pour stocker le méthane, de l’eau, du fumier, etc. », indique John Mugabo.
Le projet de recyclage lancé à Kigali est conforme à la stratégie de croissance verte du Rwanda jusqu’en 2050 et aux engagements du pays dans le cadre du plan décennal sur le climat récemment soumis à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Un autre projet lancé en août 2021 dans la capitale rwandaise s’inscrit également dans cette démarche.
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Baptisé « Waste to Resources », cet autre projet vise à améliorer la gestion des déchets solides municipaux (DSM) et des déchets dangereux au Rwanda à travers le recyclage. La feuille de route climatique du pays à l’horizon 2030 permettra également la mise en œuvre d’un projet de production d’électricité à partir des déchets. Un financement de 28 millions de dollars (près de plus de 29 milliards de francs rwandais) devrait ainsi être alloué à l’extraction et à l’utilisation des gaz de décharge pour la production d’électricité, ce qui permettra de réduire les émissions de méthane dans l’air. Toujours dans le cadre de ce projet, 8 millions de dollars devraient être octroyés à la mise en place d’usines de valorisation énergétique des déchets dans la capitale rwandaise Kigali.
Selon les dernières données de l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Rwanda (qui couvrent les émissions jusqu’à l’année 2015, Ndlr), les déchets émettent 0,64 million de tonnes de CO2, soit 12 % de l’ensemble des émissions du pays.
Inès Magoum