Vive la liberté ! C’est ce que diraient certainement les rhinocéros qui viennent d’arriver au Rwanda, s’ils étaient capables de communiquer avec les humains. Ils sont en effet au nombre de cinq à avoir quitté le zoo de Flamingo Land Park en Angleterre, de Dvůr Králové en République tchèque et de Ree Park Safari au Danemark. Le projet de réintroduction de ces grands mammifères dans la nature a démarré il y a plusieurs années de cela, mais la mise en œuvre a véritablement été amorcée en 2018.
Le projet est coordonné par l’Association européenne des zoos et aquariums. « Nous avons 25 zoos et parcs qui abritent des rhinocéros noirs et, depuis 12 ans, ces animaux ont été déplacés à travers le continent pour permettre le fonctionnement d’un programme de réintroduction », a expliqué Mark Pilgrim, le directeur général du zoo de Chester en Angleterre. Les cinq rhinocéros, tous nés dans les zoos européens, seront relâchés dans le parc national de l’Akagera.
Un terrain idéal…
Pour le moment, les pachydermes se trouvent dans un enclos du parc de l’Akagera, situé nord-est du Rwanda, près de la frontière avec la Tanzanie. L’objectif est qu’ils s’habituent à leur nouvel environnement. Cela pourrait durer plusieurs mois, jusqu’à ce que les soigneurs qui vivent sur place estiment qu’ils sont prêts à être relâchés.
Le parc national de l’Akagera est un endroit idéal pour ces rhinocéros noirs d’Afrique de l’Est en voie d’extinction. Dans cet espace naturel d’une superficie de 1 100 km2, ils auront la possibilité de gambader dans les plaines, sur les flancs des montagnes ou en encore dans les marécages qui gardent leur verdure toute l’année. Ces gros mammifères vont ainsi profiter des flaques de boue formée naturellement, qui sont squattées en ce moment par les éléphants et les buffles.
Le parc renoue avec la tranquillité
Auparavant, le parc national de l’Akagera disposait d’une importante population de rhinocéros d’Afrique de l’est. Une bonne partie a été décimée par les braconniers qui prélevaient leurs cornes pour les vendre sur le marché noir. Elles étaient ensuite vendues aux Asiatiques qui leur confèrent certaines vertus thérapeutiques. Ces cornes servent aussi à fabriquer des bijoux.
Une autre partie a été décimée pendant la guerre civile et le génocide qui ont frappé le Rwanda dans les années 90. À l’époque, les populations qui fuyaient les massacres se sont réfugiées dans le parc national de l’Akagera. Les animaux ont dû quitter leur espace naturel, et se sont dispersés dans la région des Grands Lacs.
Mais la paix est revenue au Rwanda depuis un certain temps, et le pays a même connu une forte croissance économique. Dans la foulée, les camps de réfugiés ont disparu du parc de l’Akagera. Et, comme un miracle de la nature, les animaux sont rentrés chez eux aussi. Le gouvernement rwandais a confié la gestion du parc à African Parks Networks (APN), une organisation basée à Johannesburg en Afrique du Sud et qui gère plusieurs parcs nationaux sur le vieux continent, notamment le parc national de Zakouma, au sud-est du Tchad.
Jean Marie Takouleu