Le Rwanda lance son plan d’action national sur l’économie circulaire. Ce programme qui nécessitera un investissement de 211 millions de dollars contribuera à la résiliente climatique et à la neutralité carbone d’ici à 2050.
Le plan d’action national sur l’économie circulaire au Rwanda a été lancé le 6 décembre 2022, en marge du Forum mondial de l’économie circulaire (WCEF) qui vient de se refermer dans la capitale rwandaise Kigali. Cette politique mise en place en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), s’étalera sur 14 ans avec un investissement de 211 millions de dollars.
Le plan d’action national sur l’économie circulaire du Rwanda couvrira les secteurs des déchets, de l’eau, de l’agriculture, du textile, du transport, de la construction et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
La gestion durable des déchets
Les autorités rwandaises estiment que cette nouvelle stratégie permettra au pays de pouvoir d’ici à 2035, placer l’économie circulaire au cœur des prises de toutes les décisions et projets économiques. Et à l’horizon 2050, de permettre au Rwanda d’atteindre la neutralité carbone tout en contribuant à la résilience au changement climatique.
Le Rwanda valorise déjà les plastiques usagés, notamment à travers des usines de recyclage comme celle située à Mageragere, dans le district de Nyarugenge qui transforme les déchets plastiques en pavés de construction. Dans la capitale Kigali, un projet lancé en mars 2022 permettra la transformation d’au moins 70 % de déchets organiques issus de la décharge de Nduba en fertilisant. Les déchets électroniques ne sont pas en restes. La nouvelle stratégie du Rwanda sur l’économie circulaire permettra au gouvernement de renforcer ses actions. « Il faudra surtout veiller à ce que les déchets soient collectés séparément et triés pour obtenir des fractions de déchets de haute qualité qui représentent des conditions préalables essentielles pour un taux de valorisation plus élevé dans tous les flux de déchets », explique Jeanne d’Arc Mujawamariya, le ministre rwandais de l’Environnement.
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Le plan d’action national sur l’économie circulaire du Rwanda permettra aussi de sécuriser l’approvisionnement en eau dans le pays à travers la rationalisation de la ressource. Le pays projette également de se lancer dans l’utilisation des ressources en eau non conventionnelles. Avec ses 12,5 millions d’habitants, le pays doit faire face à la sécheresse qui touche l’ensemble de l’Afrique de l’Est depuis plusieurs années.
Le gouvernement rwandais investira également dans le développement de l’agriculture durable. Au-delà de la valorisation des déchets agricoles, les fonds serviront à produire des aliments sur la base de principes régénérateurs et économes en ressources, à intégrer des boucles fermées dans les opérations agricoles et à optimiser le transport et le stockage pour réduire les pertes post-récolte.
La promotion de l’écoconstruction
Pour les autorités rwandaises, le développement de l’économie circulaire passera aussi par une collaboration entre les acteurs des secteurs public et privé, le monde universitaire, la société civile et les populations. Les critères économiques et de travail, le paysage et les visions politiques, l’implication des femmes et des jeunes devront être pris en compte.
Afin de réussir sa transition vers l’économie circulaire, le Rwanda mise également sur la construction d’infrastructures résilientes et inclusives. Il s’agit de logement qui réduira la consommation d’eau, d’électricité et la production de déchets. De plus, ces édifices devront être connectés à un système de collecte des eaux usées et pluviales.
En juin 2021, Kigali a d’ailleurs signé des lettres d’intention avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de participer à son programme d’action « villes vertes ». L’organisation prévoit d’aider les pays participants à utiliser des données géoréférencées et d’autres indicateurs afin de « fournir une compréhension rapide et systématique des vulnérabilités potentielles aux chocs, d’identifier les points chauds potentiels de la biodiversité et de dresser une cartographie stratégique des environnements de vente au détail des aliments afin de stimuler l’accès aux aliments nutritifs là où ils font défaut », indique la FAO. Les administrations locales seront également soutenues dans la promotion des jardins sur les toits et dans les arrière-cours, les fermes verticales dans les structures abandonnées et l’aquaculture de haute technologie. Les populations locales seront aussi formées pour exploiter ces différentes opportunités.
Inès Magoum