Cela parait peut-être paradoxal, mais le Rwanda tient à développer le nucléaire civil, tout en préservant l’homme et l’environnement. C’est tout le sens de l’accord signé le mercredi 8 mai 2019, entre l’Autorité de régulation des services d’utilité publique du Rwanda (Rura) et l’Agence marocaine de sécurité et de sûreté nucléaire et radiologique (AMSSNuR). Cet accord de coopération quinquennal porte sur l’échange d’informations et d’expériences en matière de réglementation de la sécurité nucléaire et de gestion des déchets nucléaires et radioactifs.
La partie marocaine, dont le pays dispose d’une plus longue expérience dans le domaine du nucléaire civil, a salué cette coopération régionale entre pays africains, avant de préciser les aspects de la coopération. « Entre autres aspects, qui seront concernés par ces échanges, il y aura les usages médicinaux du nucléaire et les questions de sécurité », a affirmé Khammar Mrabit, le directeur général de l’Agence marocaine de sûreté et de sécurité nucléaire et radiologique. Selon ce responsable, 80 % des applications médicales utilisent la technologie nucléaire au Maroc. Plus de 15 % des industries et du secteur sécuritaire ainsi que 5 % des travaux de recherches et de développement ont également recours à ce type de technologies.
Le Rwanda veut concilier technologie nucléaire et protection de l’environnement
Le Rwanda veut prendre en compte le nucléaire civil dans le cadre de son développement économique. « Nous espérons utiliser la technologie nucléaire et radiologique pour détecter différents minéraux à travers le pays au lieu de nous fier aux méthodes traditionnelles d’identification des gisements. Certains minéraux pourraient également contenir des éléments nucléaires, ce qui accroît leur valeur sur le marché » a déclaré Jean de Dieu Tuyisenge, directeur de la réglementation de la radioprotection à la Rura.
Pour sa part, Patrick Nyirishema le directeur général de la Rura a confié que l’autre enjeu de ce mémorandum était aussi de tirer profit de l’expérience du Maroc, en matière de radioprotection. Le Rwanda veut en effet recourir à un usage du nucléaire qui aille de pair avec la protection des personnes et de l’environnement. C’est dans cet esprit que le pays s’est doté, le 24 janvier 2018, d’une loi régissant l’utilisation, la gestion et la régulation des activités liées aux rayonnements ionisants, pour assurer la protection des personnes, de la biodiversité et de l’environnement contre les effets indésirables des rayonnements ionisants.
Selon l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), une mauvaise manipulation de produits nucléaire peut contaminer l’eau, l’air et le sol. Au contact de l’homme, ce dernier est soumis à des sources de rayonnements ionisants, ayant pour conséquences, des maladies telles que le cancer, des brûlures cutanées ou des syndromes d’irradiations aigües.
Boris Ngounou