Alors que presque tous les pays du monde se préparent pour la 26e session de la Conférence des parties (COP 26) qui se tiendra en 2021 à Glasgow en Écosse, au Royaume-Uni, le Rwanda est le premier pays africain à présenter un nouveau plan d’action climatique. Le pays d’Afrique de l’Est propose un plan ambitieux dont le suivi s’étalera sur 10 ans, avec un investissement de 11 milliards de dollars. Dans ces prévisions, 5,7 milliards de dollars sont destinés à la mise en place des mesures d’atténuation des effets du changement climatique.
Comme la plupart des pays africains, le Rwanda est soumis aux effets du dérèglement climatique. Avec ses 12,5 millions d’habitants, le pays doit faire face à la sécheresse qui touche l’Afrique de l’Est et australe depuis plusieurs années, asséchant ainsi les cours d’eau et les retenues dont dépendent les populations pour leurs activités au quotidien. Les pluies deviennent épisodiques et violentes, causant des inondations sur leurs passages.
La diversification du mix électrique
Le plan d’adaption couvrira les secteurs de l’eau, de l’agriculture, des terres et des forêts, des établissements humains, de la santé, des transports ainsi que de l’exploitation minière. Sur le plan énergétique, le Rwanda devrait poursuivre sa politique de diversification de son mix électrique dominé par l’hydroélectricité pourtant très impacté par la sécheresse. Le Rwanda mise aussi sur l’off-grid solaire pour fournir l’accès à l’électricité aux populations vivant dans les zones rurales.
Les efforts du gouvernement rwandais sont appuyés par les acteurs privés comme l’organisation Global Innovation Lab for Climate Finance qui a financé en 2019 le déploiement des solutions off-grids dans les zones rurales pour électrifier 175 000 personnes. De son côté, l’entreprise britannique Arc énergie a commencé la réalisation d’un projet d’installation de 220 mini-grids solaires dans les zones rurales, avec pour objectif l’électrification de 150 000 personnes indépendamment du réseau électrique national.
Un pays en pleine croissance
Malgré les effets du dégèlement climatique, le Rwanda poursuit sa croissance économique. Le pays est même « en plein boom économique » selon la Banque mondiale. En 2019, le Rwanda a enregistré un taux de croissance de 10 %, soit l’un des plus forts du continent africain. Le développement industriel et infrastructurel nécessite plus d’énergie et accroît les émissions de CO2. Les émissions de dioxyde de carbone du pays étaient évaluées à 5,3 millions de tonnes en 2015. Les experts estiment que les émissions du pays pourraient doubler d’ici 2030.
« Avec ce nouveau plan d’action climatique plus ambitieux, nous disposons d’une feuille de route claire pour limiter nos émissions déjà faibles et faire en sorte que notre société et notre économie résistent aux effets d’un monde en réchauffement », explique Jeanne d’Arc Mujawamariya, la ministre rwandaise de l’Environnement.
La réduction des émissions de CO2
Pour renverser la tendance d’ici 2030, le gouvernement rwandais compte réduire ses émissions de 4,6 millions de tonnes à travers le déploiement des énergies renouvelables (solaire et hydroélectrique), l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les processus industriels, l’introduction de normes d’émission pour les véhicules, le déploiement de véhicules électriques et la promotion de l’utilisation du biogaz dans les exploitations agricoles.
Avec le soutien des investisseurs privés, le pays développe son agriculture en misant sur l’irrigation. Il y a de cela quelques mois, la fondation Howard Buffet a lancé un système d’irrigation dans le secteur de Nasho, à l’est du pays. Le système qui dessert plus de 2 000 petits exploitants agricoles est alimenté par l’énergie solaire.
Pour exécuter son nouveau plan d’action climatique, le Rwanda compte sur l’appui technique et financier de ses partenaires au développement.
Jean Marie Takouleu