L’opération musclée a été menée le 3 août 2020 par l’Autorité rwandaise de gestion de l’environnement (Rema), la police rwandaise et le bureau d’enquête du Rwanda. Au terme de l’intervention, les autorités rwandaises ont scellé quatre fermes agricoles, après avoir constaté qu’elles se trouvaient à une distance de 50 m de la zone tampon du lac Kivu, l’un des plus grands lacs d’Afrique, situés à la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Or selon la loi rwandaise sur la protection des plans d’eau, les activités humaines doivent être menées à 50 m des rives du lac Kivu pour préserver sa biodiversité.
Les fermes scellées par la Rema et ses partenaires se trouvent dans les districts bordant le lac Kivu, notamment Rubavu, Rusizi, Nyamasheke, Karongi et Rutsiro. Outre le non-respect de la distance réglementaire, les enquêteurs y ont découvert des pratiques illicites qui pourraient endommager la biodiversité de l’eau, entraînant la diminution de la reproduction des espèces de poissons du lac. Parmi ces activités, figure l’utilisation des engrais et des pesticides près du lac.
D’après l’Office rwandais de l’agriculture (RAB), le lac Kivu est un trésor de biodiversité. En 2018, le lac a fourni 18 879 tonnes de poissons, soit 70 % de la production du Rwanda. « Si le lac est bien entretenu, il pourrait fournir jusqu’à 112 000 tonnes de poissons d’ici à 2024 et ainsi réduire les importations de ce produit alimentaire. Le pays importe plus de 15 000 tonnes de poissons par an », indique le RAB.
Les opérations de ce genre sont courantes au Rwanda. En dehors du lac Kivu, les autorités rwandaises s’assurent en permanence du respect de la loi sur la biodiversité au niveau des lacs Muhazi, Mugesera, Burera et Ruhondo. En cas de transgression de la réglementation, les contrevenants peuvent payer des amendes allant de 500 000 à 5 millions de francs rwandais (440 et 4 409 euros).
Inès Magoum