Au Rwanda, 19 558,85 kilogrammes de mercure sont rejetés par an dans l’air, l’eau et le sol avec des effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine. Ce constat a été dressé récemment dans un rapport par l'Autorité rwandaise de gestion de l'environnement (Rema), ainsi que dix solutions alternatives pour réduire cette pollution.
Le Rwanda intensifie la lutte contre la pollution par le mercure. L’Autorité rwandaise de gestion de l’environnement (Rema) a publié récemment le rapport d’évaluation intitulé « Minamata Initial Assessment (MIA) ». Le document élaboré après 63 visites sur le terrain, énumère les lacunes du pays d’Afrique de l’Est en matière de lutte contre la pollution au mercure. Ces lacunes sont notamment illustrées par la quantité de kilogramme de mercure rejetée chaque année au Rwanda, soit 19 558,85.
Le secteur de l’extraction artisanale et à petite échelle de l’or, ainsi que les secteurs de la santé, des Technologies de l’information et de la communication (TIC), des transports, de l’eau et de l’économie informelle ont été identifiés comme des secteurs prioritaires en ce qui concerne l’utilisation du mercure au Rwanda. À cela s’ajoute les activités telles que la production de ciment, de pâte à papier et de papier, de chaux et d’agrégats légers, de produits chimiques et d’équipements de laboratoire, de monomètres et de jauges, l’incinération et le brûlage des déchets, la production de matériaux recyclés, le dépôt et la mise en décharge des déchets, le traitement des eaux usées et les amalgames dentaires.
Renforcer les capacités des industries à la gestion du mercure
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’inhalation de vapeurs de mercure peut avoir des effets nocifs sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, les poumons, les reins et la peau de l’Homme, et peut être mortelle. L’air, l’eau et le sol sont tous aussi impactés par la pollution au mercure.
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Pour la Rema, la réduction de ces risques passera par le renforcement des capacités des industries de transformation de l’or et des autorités réglementaires afin de protéger les mineurs et les communautés contre l’exposition au mercure, intentionnelle ou non, résultant des activités d’extraction et de transformation de l’or et la réduction des rejets de mercure dans l’environnement. Il faudra également améliorer la gestion des déchets solides et des eaux usées, réduire l’exposition des groupes vulnérables tels que les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et les enfants aux rejets involontaires de mercure provenant de la combustion de la biomasse, des amalgames dentaires et des déchets, créer et utiliser des technologies permettant de manipuler, de stocker et d’éliminer en toute sécurité les sous-produits du mercure au Rwanda.
Mobiliser des fonds pour l’innovation dans le traitement du mercure
Outre l’amélioration des capacités des personnels des industries, la Rema suggère de les équiper pour la prévention, le traitement et la fourniture des services de soins aux populations affectées par le mercure. L’étude recommande également l’élaboration de lignes directrices pour l’identification, la délimitation et l’assainissement des sites contaminés par le mercure ainsi que des produits fabriqués ou pas, à base de mercure, et la mise en place d’infrastructures modernes pour la collecte, le traitement et le stockage des déchets dangereux, en particulier pour les sols contaminés par le mercure. Un laboratoire testera la présence du mercure et d’autres substances dangereuses dans les déchets générés.
Rema bénéficiera du soutien du Fonds vert pour le Rwanda (Fonerwa) dans la préparation des demandes de financements qui serviront à soutenir l’innovation technologique dans la lutte contre la pollution au mercure, et / ou le remplacement des procédés et des produits contenant du mercure au Rwanda. « Des partenariats seront aussi formés avec des organisations non gouvernementales (ONG) pour élaborer des programmes de petites subventions susceptibles d’être financées », affirme Aloysie Manishimwe, l’un des chercheurs qui a contribué à l’élaboration du rapport d’évaluation « Minamata Initial Assessment (MIA) ». La démarche de la Rema s’inscrit dans le cadre de la convention de Minamata qui prévoit une approche progressive visant à réduire et, si possible, à éliminer l’utilisation du mercure dans des secteurs industriels clés.
Inès Magoum