L’ONU dresse un tableau sombre des conditions humaines, sanitaires et environnementales dans la région du Sahel central. Peuplée par un peu plus de 86 millions d’habitants, la région frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a été marquée ces dernières semaines par des précipitations records, qui se sont soldées par un bilan humain tragique. À cela s’ajoutent les violences armées entre groupes djihadistes et forces gouvernementales appuyées par des forces internationales, sans oublier la pandémie de la Covid-19. Rien que pour cette année, ces trois facteurs ont contraint plus de 1,5 million d’habitants de la région du Sahel central à quitter leurs foyers. Du coup 13 millions de personnes, dont 7 millions d’enfants, dépendent de l’aide humanitaire dans cette région. La faim y est un problème récurrent, qui a triplé l’an dernier pour toucher quelque 7,4 millions de personnes.
Pour accroître soutenir Sahel central et éviter qu’il ne plonge dans ce que l’ONU annonce comme étant « l’une des plus grandes crises humanitaires au monde », 24 gouvernements et bailleurs de fonds, notamment 14 pays de l’Union européenne, ainsi que le Japon, le Canada ou encore la Corée du Sud, ont été réunis le 20 octobre 2020 par visioconférence. Cette réunion organisée conjointement par l’ONU, le Danemark, l’Allemagne et l’Union européenne a permis de récolter des engagements de financement d’un peu plus de 1,7 milliard de dollars.
L’urgence du renforcement de la finance climatique au Sahel
L’ONU est convaincue que la résorption des problèmes climatiques dans le Sahel pourra également mettre un terme aux crises sécuritaires. Lors de la séance d’information du conseil de sécurité de l’ONU, du 17 septembre 2020 sur l’impact humanitaire de la dégradation continue de l’environnement, la paix et la sécurité, la région du Sahel a servi d’illustration. « Si nous évitons, réduisons et inversons la dégradation des terres de manière coordonnée, nous pouvons mieux prévenir, anticiper et gérer de nombreux conflits dans le monde », a déclaré Ibrahim Thiaw, le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD).
Lors d’une réunion de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) tenue en novembre 2018 sur le Sahel, la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, avait déjà appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes des conflits et des crises dans le Sahel, citant en particulier le changement climatique. Selon elle, les partenariats avec les gouvernements, les institutions régionales et internationales, le G5 Sahel, les communautés et le secteur privé doivent investir en priorité dans les projets d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
Boris Ngounou