Le président de la République du Niger Mohammed Bazoum fait partie des chefs d’États et de gouvernements présents ce jeudi 22 juin 2023 au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris. Parmi les principaux temps forts de cette première journée, le discours remarquable et très applaudit de la militante écologique ougandais Vanessa Nakate.
Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui s’est ouvert ce 22 juin 2023 à Paris est organisé dans un contexte marqué par trois crises qui secouent le monde entier. Les répercussions de la pandémie mondiale de Covid-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique. Pour Mohamed Bazoum, le président de la République du Niger, « il est temps de passer à l’action, car nous avons atteint un point de rupture en matière de changement climatique ».
Le Niger fait en effet partie des pays du Sahel les plus affectés par le changement climatique qui se manifeste par la recrudescence des épisodes de sècheresse. Elle engendre d’autre crise, notamment des conflits entre les maraichers et les éleveurs à la recherche de pâturage. Ce phénomène concerne également la Corne de l’Afrique. C’est la raison pour laquelle la militante écologiste ougandaise Vanessa Nakade a souligné l’urgence d’agir en faveur de cette partie du continent africain, en pleine crise alimentaire. D’ailleurs, selon la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), au moins 22 millions de personnes sont sur le point de manquer totalement de nourriture, après quatre années de sécheresse consécutives
Halte au financement des énergies fossiles
Face à cette crise en partie liée au changement climatique, Vanessa Nakade qui a imposé une minute de silence en mémoire des victimes de la crise climatique a plaidé pour l’arrêt du financement du pétrole et du gaz. « Toute dépense en faveur des énergies fossiles est une folie. Les populations du monde vous regardent », a lancé la militante écologiste, avant de dénoncer la multiplication des gisements de pétrole dans le bassin du Congo.
Lire aussi- Carlos Lopes : « Il faut reformer l’architecture financière internationale »
Mais, pour réussir la transition vers une croissance plus verte, Emmanuel Macron, le président français a souligné la nécessité de s’accorder sur un plan d’action concret pour un changement de paradigme dans le financement du développement. Dans ce processus, « entre 300 et 600 milliards de dollars doivent être mobilisés par le secteur privé pour faire face à l’urgence climatique dans le monde », a estimé Amar Bhattacharya. Selon ce chercheur du Centre pour le développement durable, le secteur privé devrait agir en soutien aux institutions de Bretton Woods que la Première ministre de la Barbade Mia Mottley appelle à la « transformation » stratégie de financement du développement.
Augmenter les financements concessionnels
Car, « quand ces institutions de financement du développement ont été créées, la plupart de nos pays n’existaient pas » a martelé Mia Mottley. Revenant également sur l’histoire des institutions de Betton Woods, Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI) a rappelé qu’elles ont été créées pour promouvoir la paix et le développement. Mais aujourd’hui, il faut de nouveaux mécanismes pour mieux répondre aux nouveaux chocs qui freinent le développement des pays du Sud.
Le président du Niger Mohammed Bazoum propose pour sa part, l’augmentation des droits de tirage spéciaux (DTS) des pays africains, dont certains sont déjà en défaut de paiement. Cela devrait également s’accompagner d’autres initiatives des sociétés de financements privés, ainsi que les philanthropes. Cette convergence de solutions devrait aussi permettre de réduire l’extrême pauvreté. Car, comme l’a souligné le chercheur Amar Bhattacharya, « il n’y a pas d’incompatibilité entre la réduction de la pauvreté et la lutte contre le changement climatique ».
Jean Marie Takouleu au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris