Au Sénégal, le taux d’accès à l’eau potable est de 94,6 % (chiffre de 2017). Cette bonne note est notamment due à la construction de forages, de châteaux d’eau et à de réseaux d’adduction d’eau multivillage. Toutes ces réalisations s’inscrivent dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) de l’État du Sénégal. Si ces travaux ont profité à la plupart des Sénégalais, le centre ouest du pays reste un maillon faible, notamment à cause de sa forte population. L’accès à l’eau potable y reste partiellement problématique, mais c’est surtout l’accès à l’assainissement qui est encore plus critique à cet endroit. C’est la raison pour laquelle Oumar Diallo, le référent principal sur l’eau et de l’assainissement à la Banque mondiale, basé à Dakar (Sénégal), a précisé que les 130 milliards de dollars injectés par l’Association internationale de développement (IDA, une institution de la Banque mondiale) seront destinés prioritairement à cette partie du pays, qui représente 1,5 million de personnes, soit 10 % de la population sénégalaise.
« Les bénéficiaires auront accès à l’eau courante grâce aux branchements domiciliaires et aux bornes-fontaines, en plus des latrines familiales, des raccordements des ménages aux réseaux d’assainissement collectif et des toilettes dans les écoles, les centres de santé et les marchés », a-t-il précisé. La réalisation de ces objectifs passera par des entreprises du secteur privé local qui ont un savoir-faire en matière de construction des infrastructures hydrauliques et des systèmes d’assainissement.
L’accès à l’assainissement encore très faible au Sénégal
L’accès à l’assainissement reste très critique au Sénégal. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, 285 600 m3 sont utilisés par les populations qui ont accès à l’eau chaque jour. Mais des stations d’épuration ne réussissent à récupérer que 61 400 m3 par jour, soit moins de la moitié des eaux usées (chiffre du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement datant de 2017). La situation est encore plus compliquée dans les zones rurales où les populations n’ont pas accès équitablement aux latrines. Une situation qui les expose à de nombreuses maladies.
En milieu urbain, l’accès à l’assainissement est également une question de première importance, surtout en cette saison des pluies. Les canalisations sont parfois bouchées par les déchets qui ne sont pas récupérés. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine des inondations qu’on observe dans plusieurs villes d’Afrique de l’ouest pendant les saisons de fortes pluies. C’est justement pour éviter cette catastrophe que les autorités ont débloqué une somme de 1,8 milliard de francs CFA (plus de 2,7 millions d’euros) pour l’entretien des canalisations (solution très provisoire) dans les villes à risque comme Dakar la capitale. Les 130 millions de dollars promis par la Banque mondiale permettront peut-être de trouver une solution pérenne au problème d’assainissement dans ce pays qui compte plus de 15 millions d’habitants.
Jean Marie Takouleu