Il pensait qu’il fallait être fou pour réussir et aujourd’hui, sa folie a fait de lui une source d’inspiration pour la jeunesse africaine. Lui, c’est Abdoul Rahim Ba, un jeune agriculteur sénégalais. Dans la commune de Toubab Dialaw, situé au sud de Dakar, Rahim a réussi à dompter la terre aride en y implantant son jardin écologique. Il a démarré avec une superficie de 300 m2, et sa ferme-école s’étend aujourd’hui sur quatre hectares de terrain. Le jeune passionné d’agriculture bio y cultive un peu de tout. Des tomates, du maïs, des légumes, une kyrielle d’arbres fruitiers, etc. Il y élève également des poulets bicyclettes, des oies et des canards. Rahim travaille sans engrais chimique, et propose sur le marché des produits 100 % bio, un type de produits devenu rare sur le marché sénégalais. Un pays d’Afrique de l’Ouest où, à cause de la rareté des pluies, les agriculteurs ont très souvent recours aux engrais et autres produits chimiques pour booster les rendements. Une stratégie qui n’est pas sans influence sur l’environnement et sur la santé des populations.
Une vue de la plantation de Rahim |
Plus de 150 Sénégalais formés à l’agriculture bio
Dans son jardin qu’il a baptisé « ferme des 4 chemins » ou encore « oasis écologique », Rahim travaille aujourd’hui avec 5 employés, tous salariés. L’appellation « 4 chemins » signifie « Éducation, Santé, Environnement et Développement durable ». L’un des grands succès de ce jeune entrepreneur et doux rêveur se trouve dans la centaine de femmes qu’il a formée en 2017 aux techniques d’agriculture écologique. Aujourd’hui, ces femmes produisent des légumes sur deux hectares de terrains, et les commercialisent en ville. En trois mois (d’avril 2017 à juillet 2017), elles ont exploité 3000 m2 de terrain et ont récolté près de deux tonnes de légumes. Après les ventes, elles ont réalisé un bénéfice d’un million de francs CFA, soit près de 1500 euros. Un trésor pour ces femmes pour la plupart issues de familles à revenus modestes.
Par ailleurs, en quatre ans, il a formé 64 autres jeunes qui, aujourd’hui, se déploient pour valoriser l’agriculture écologique au Sénégal. L’entrepreneur a également instauré un système qui lui permet d’établir un contact direct avec le consommateur. Il a mis sur pied le réseau Biodialaw. Chaque mois, il organise avec ce réseau constitué de ses « étudiants », des foires dans sa ferme, où les Sénégalais viennent des quatre coins du pays pour s’approvisionner.
Des moyens de production bio
Les pluies sont rares à Toubab Dialaw, pourtant, Rahim produit tout au long des douze mois de l’année, grâce à l’irrigation. Il a installé un forage d’eau qui fonctionne avec un système solaire photovoltaïque. Le dispositif peut produire 60 m3 d’eau par jour, mais à la ferme, ils ont choisi de n’utiliser que 20 m3, afin de dépenser le moins de ressources possible.
Trois ans après la mise sur pied de son projet, Rahim se dit fier de ce qu’il a réussi à accomplir, mais n’a pas cessé de rêver. « Dans les prochaines années, je souhaite instaurer un marché quotidien de produits écologiques », affirme-t-il. L’on peut dire qu’il marche d’un pas assuré vers son but initial qui était de « démontrer qu’en Afrique, on n’a pas le droit d’être pauvre. »
Luchelle Feukeng