Le gouvernement sénégalais lance les travaux de construction de la station de dessalement des Mamelles près de la capitale Dakar. Le projet est fortement critiqué pour son coût et son impact prévisible sur l’environnement côtier.
Le président de la république du Sénégal Macky Sall a procédé récemment au lancement des travaux de construction de l’usine de dessalement de l’eau de mer des Mamelles près de Dakar. Le chantier, nécessaire pour l’approvisionnement en eau potable de la capitale sénégalaise, est exécuté par la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) qui travaille en partenariat avec le groupe japonais Nippon Koei.
Le Président @Macky_Sall a lancé les travaux de l'usine de dessalement des Mamelles.
D’une capacité de production de 50.000m3 d'eau potable par jour extensible à 100.000m3, ce projet innovant va permettre aussi le renouvellement du réseau de distribution en eau de Dakar. pic.twitter.com/zROSsvNNGp— Présidence Sénégal (@PR_Senegal) May 31, 2022
La zone des Mamelles qui vit désormais au rythme des travaux, s’étend sur deux collines volcaniques coniques situées sur la presqu’île du Cap-Vert, à Ouakam, l’une des 19 communes d’arrondissement de Dakar. Globalement, le projet de la Sones porte sur la construction d’une station de dessalement sur le flanc sud des deux collines. L’usine qui traitera de l’eau de mer via le procédé de l’osmose inverse sera capable de fournir 50 000 m3 d’eau potable par jour, extensible à 100 000 m3.
Le financement japonais
Parmi les installations prévues dans le cadre de ce projet d’approvisionnement en eau potable figure une prise d’eau en mer, ainsi qu’une conduite pour le rejet des déchets (saumures) issus du dessalement de l’eau. La Sonees prévoit également la construction d’une station de pompage de l’eau traitée, ainsi que la pose d’une conduite de 13,5 km pour connecter la station au réseau d’eau potable de la ville de Dakar.
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Dans la capitale sénégalaise justement, la Sones assurera la réhabilitation du réseau de distribution et la délimitation des zones d’influence des réservoirs de distribution et stockage en vue d’une amélioration du rendement du réseau. Les travaux porteront donc sur le renouvellement d’au moins 243 km de conduites. Mais cette usine, une première du genre construite au Sénégal, est fortement critiquée, d’abord en raison de son coût, 137 milliards de francs CFA, près de 209 millions d’euros.
L’impact redouté sur l’environnement
Le projet de dessalement des Mamelles est financé à hauteur de 27,4 milliards de yens (près de 200 millions d’euros) via un prêt de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) accordé depuis 2016. Le projet est aussi contesté pour son impact sur l’environnement côtier. La fronde est menée par des pécheurs et des organisations de la société civile (OSC) à l’instar du mouvement citoyen « Y en a marre ».
« Cette usine contaminera la faune aquatique. Elle est construite sur l’une des rares plages qui restent à Dakar dont le littoral est privatisé. Les vendeurs de friandises, de poissons et d’objets d’art et les commerces sur cette plage arrêteront leurs activités », déplore Cyril Touré, un membre de ce mouvement très réputé à Dakar. Les pécheurs craignent surtout l’impact des saumures sur les poissons. Pour mémoire, les saumures sont des eaux très concentrées en sel, souvent rejetées à très haute température. Mal maitrisés, ces rejets peuvent affecter la biodiversité marine des zones côtières.
Jean Marie Takouleu