Construite dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), la centrale électrique de Malicounda de 120 MW a été inaugurée récemment. Sa construction s’inscrit dans la volonté des autorités sénégalaises d’adopter le gaz naturel comme une énergie de transition.
Le président du Sénégal Macky Sall a inauguré il y a quelques jours à Malicunda, à 85 km de la capitale Dakar, une nouvelle centrale électrique de 120 MW. Il s’agit bien d’une centrale thermique construite dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). L’installation mise en service à Malicounda est une centrale à cycle combinée.
Ce type de centrale fonctionne avec deux turbines, dont une à combustion et une turbine à vapeur reliée à un alternateur. Avec le même volume de combustible, ces deux turbines permettent de produire une quantité plus importante d’électricité. Les développeurs du projet, notamment la société d’investissement Africa50, l’énergéticien Melec PowerGen et la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) ont fait le choix du fioul comme combustible pour un début.
La conversion au gaz naturel
Mais la centrale de Malicounda sera convertie au gaz naturel, lorsque le Sénégal commencera l’exploitation de ses gisements locaux. Parmi ces gisements figure celui de la Grande tortue Ahmeyim (GTA) qui devrait entrer en production au cours de l’année 2023. Ces blocs gaziers s’étendent de part et d’autre de la frontière maritime du Sénégal et de la Mauritanie.
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Les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz, ce qui fait du projet GTA l’un des plus importants en cours de réalisation en Afrique. Les deux pays ont convenu de se partager les recettes, estimées entre 80 et 90 milliards de dollars sur 20 ans. La centrale électrique à cycle combiné de Malicounda est couverte par un contrat d’achat d’électricité (CAE) d’une durée de 20 ans en vertu duquel, l’énergie produite est injectée dans le réseau de la Senelec.
Le Sénégal fait le pari du gaz naturel
Selon Africa50, la nouvelle centrale à cycle combiné produit davantage d’électricité plus efficacement (jusqu’à 55 %) avec des émissions plus faibles que les anciennes centrales à cycle ouvert, qui dissipent 67 % de l’énergie sous forme de déchets. « Les émissions devraient être inférieures aux recommandations de la Société financière internationale (SFI) », rassure la plateforme de financement fondée par la Banque africaine de développement (BAD) et les états africains. Outre cet avantage environnemental, la centrale devrait aider à satisfaire les charges de base, facilitant l’injection d’énergies renouvelables et souvent intermittentes dans le réseau.
Et ça tombe bien, puisque la localité de Malicounda abrite déjà une centrale solaire photovoltaïque de 22 MWc mise en service en 2016 par le groupe italien Solaria. Le choix du gaz confirme la volonté du gouvernement sénégalais d’adopter le gaz naturel comme une énergie de transition. Le président Macky Sall n’hésite pas d’ailleurs de mettre cette question sur la table devant les grandes instances internationales où il réaffirme « la volonté des pays africains de s’appuyer sur leurs ressources naturelles pour accélérer leur développement économique ». Au Sénégal, la question du gaz naturel est toujours débattue au sein de société civile.
Jean Marie Takouleu