Alors que le Sénégal cherche encore à améliorer la gestion de sa production annuelle de déchets plastiques estimée à 200 000 tonnes, la douane vient de saisir un conteneur de 25 tonnes de déchets plastiques en provenance d’Allemagne. Outre la réexportation de la cargaison, l’entreprise Hapag-Lloyd, auteure de ce forfait, payera une amende de 2 milliards de francs CFA (environ 305 millions d’euros).
Le trafic des déchets fait des vagues au Sénégal. L’entreprise allemande Hapag-Lloyd est désormais sur la sellette après avoir tenté d’introduire 25 tonnes de déchets plastiques au Sénégal. Le conteneur de déchets a été saisi par les services douaniers sénégalais.
Hapag-Lloyd a reçu l’ordre de rapatrier son conteneur de déchets. Mais avant, l’entreprise paiera une amende de 2 milliards de francs CFA (environ 305 millions d’euros). Cette saisie est loin d’être une première au Sénégal. Le trafic illégal des déchets, notamment plastiques prend des proportions alarmantes dans ce pays qui produit déjà 200 000 tonnes de déchets plastiques par an.
Au Sénégal, en dépit de l’existence d’une loi interdisant les sachets plastiques à usage unique de moins de 30 microns, le paysage urbain continue d’être pollué par ces déchets constitués pour la plupart de sachets jetables, emballages, et de sachets d’eau. Le trafic illégal concerne également les déchets dangereux. En 2020, 34 personnes ont été arrêtées en Espagne dans le cadre d’une enquête sur l’exportation illégale vers le Sénégal et sept autres pays d’Afrique de l’Ouest dont le Ghana, la Gambie, le Togo, le Bénin, la Guinée, le Sierra Leone et le Nigeria.
Un trafique qui se développe en Afrique
Ces trafiquants tentaient d’importer 2 500 tonnes de déchets d’appareils électroniques. La Tunisie est également concernée par ce phénomène. En fin 2020, 70 conteneurs de déchets en provenance d’Italie avec 120 tonnes déchets médicaux ont été saisis, à leur arrivée au port de Tunis. En Afrique, l’organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace en a fait son cheval de bataille.
« L’Afrique n’est pas un dépotoir et ne peut plus être à la merci des intérêts des entreprises étrangères. Celles-ci n’ont aucun respect pour les lois qu’ils élaborent et votent collectivement », affirme Awa Traoré, la responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique. Il s’agit surtout de la Convention de Bale sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, adoptée depuis le 22 mars 1989, et la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique.
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« Ces pays développés font également croire au monde entier que les emballages plastiques peuvent être durables, pourtant ils sont renvoyés sur les côtes africaines », souligne Awa Traoré. Pour Greenpeace, il est impératif que les gouvernements africains soient davantage fermes dans l’application des mesures prises localement pour la lutte contre la pollution, et ainsi réduire l’injustice environnementale dont est victime l’Afrique.
Inès Magoum