« Touba, xepp ndox mu neex ». C’est ainsi qu’est baptisée une opération d’approvisionnement en eau potable lancée par les autorités de la ville sainte de Touba au Sénégal. L’initiative vise le transfert de l’eau du lac de Guiers pour l’approvisionnement de cette cité religieuse située à 194 km à l’est de la capitale sénégalaise Dakar.
Au Sénégal, la ville de Touba siège de la confrérie musulmane des mourides, est confrontée à une pénurie d’eau potable. Environ 1,5 million habitants bénéficieront bientôt de la ressource grâce au transfert de l’eau du lac de Guiers vers cette ville située à 194 km de la capitale Dakar. Ce lac considéré comme la plus grande réserve d’eau douce du pays sera connecté à la ville de Touba dans le cadre de l’opération d’approvisionnement en eau baptisée « Touba, xepp ndox mu neex ».
L’initiative est lancée par les autorités locales avec l’appui d’un groupe d’experts de l’Université Cheikh Ahmadou Bamba. Selon eux, il est possible avec le transfert d’eau de réaliser trois campagnes agricoles par an et contribuer ainsi à lutter contre le chômage des jeunes de la région.
« L’eau est un sujet qui nous préoccupe, surtout comment faire en sorte pour que Touba puisse disposer d’une eau de qualité et en quantité. Mon souhait, c’est de connecter le lac de Guiers à la ville sainte de Touba avant le Magal (le grand pèlerinage de la confrérie mouride, les 14 et 15 septembre 2022, Nldr) pour approvisionner en eau les populations. Cela permettra d’atténuer leurs souffrances », indique Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, khalife général des mourides.
Le lac de Guiers se situe dans le delta du fleuve Sénégal et occupe une superficie de 300 km2 avec 600 millions m3 d’eau. Cet écosystème jusqu’ici préservé de la pollution est exploité par des stations de pompage et de traitement de l’eau opérées par la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) installées à Ngnith et Keur Momar Sarr. Les installations de l’entreprise publique assurent une partie importante des besoins en eau potable de la ville de Dakar.
Un raccordement précaire
Les problèmes liés à la gestion de l’eau à Touba sont multiples à l’instar de l’insuffisance de moyens matériels du dispositif de gestion de l’eau, la vétusté de certains équipements hydrauliques (forages, conduites, châteaux d’eau). À cela s’ajoutent les interventions clandestines et non réglementaires sur le réseau d’alimentation, le gaspillage, les usages multiples de l’eau par les gros consommateurs (boulangeries, stations-service, usines de glace). La ville est également confrontée à l’absence de réseaux d’assainissement et d’adduction d’eau et n’est pas intégrée dans un programme global de planification urbaine selon les autochtones.
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Or, pendant longtemps l’eau a exceptionnellement été gratuite à Touba, une ville qui concentre 30 % de la population sénégalaise. Dans ce contexte d’approvisionnement difficile, les populations ont recours aux bassins publics et privés qui sont des ouvrages de stockage d’eau. Dans les quartiers périphériques par exemple où le réseau de distribution est limité, voire inexistant, la construction de bassins de réserve est systématique dans les concessions.
Benoit-Ivan Wansi