Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a dévoilé le projet de création d’une autorité de régulation du secteur de l’eau au Sénégal, lors de son premier Conseil des ministres tenu le 17 avril 2024. Cette décision, fait partie de la panoplie de décisions prises séance tenante pour améliorer la situation hydrique du pays d’Afrique de l’Ouest.
Pour celui qui a pris officiellement la tête du Sénégal le 2 avril 2024, la nouvelle structure viendra améliorer la gouvernance de l’eau potable, afin de relever le défi de la gestion durable de cette ressource, notamment à travers la mise en place d’un système par bassin, et la révision du transfert de gestion des forages ruraux à des privés. « La question de l’accès à l’eau potable notamment dans les centres urbains et en milieu rural demeure une préoccupation majeure des populations qu’il faut résoudre », a souligné Bassirou Diomaye Diakhar Faye dans son discours du 17 avril 2024, consulté par Afrik 21.
Garantir l’accès à l’eau potable pour tous les Sénégalais
Le nouvel homme fort du Sénégal a également demandé à son premier ministre Ousmane Sonko, de tenir un Conseil interministériel sur le secteur hydraulique afin de lui faire des propositions urgentes visant notamment l’accélération des réalisations des projets hydrauliques (forages, châteaux d’eau, réseaux…), l’évaluation des délégations de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural, l’évaluation du système de tarification de l’eau et l’adoption d’un grand programme national consolidé d’accès à l’eau potable.
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Si le taux d’accès à l’eau potable est à 98,8 % en milieu urbain et à 91 % en zone rurale au Sénégal selon les sources officielles, les projets annoncés visent à porter la couverture à 100% d’ici à 2030, conformément au sixième objectif de développement durable (ODD6) fixé par les Nations unis en 2015 et adopté par le pays d’Afrique de l’Ouest.
L’audit de gros contrats dans le secteur de l’eau
Au ministère sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a demandé de « procéder à un audit rapide » du contrat d’affermage entre la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et Sen’Eau, la nouvelle société de distribution d’eau potable au Sénégal créée en 2020 sur les cendres de la Sénégalaise des eaux (SDE) et détenue par l’État sénégalais (55%) et le français Suez (45%). Dans le cadre de ce contrat, le géant de l’environnement assurera la gestion du service public de la production et de la distribution d’eau potable au Sénégal pendant 15 ans, permettant ainsi de desservir une population estimée à plus de 18 millions d’habitants dans le pays. La demande d’audit concerne également le contrat de performances État-Sones-Sen’Eau.
Au ministère sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement, le chef d’État sénégalais a aussi demandé d’entamer l’évaluation des partenariats publics privés (PPP) et de tous les contrats de délégation de service public de l’eau potable en milieu urbain et rural, en mettant l’accent sur les projets de dessalement des Mamelles et de la Grande Côte développés par la Sones.
Fortement critiqué pour son coût (près de 200 millions d’euros via un prêt de l’Agence japonaise de coopération internationale-Jica) et son impact prévisible sur l’environnement côtier, le projet de dessalement de Mamelles, près de la capitale Dakar, a été lancé en juin 2022 par l’ancien président sénégalais Macky Sall. Une fois opérationnelle, la station de dessalement traitera de l’eau de mer via le procédé de l’osmose inverse sera capable de fournir 50 000 m3 d’eau potable par jour, extensible à 100 000 m3. Quant aux travaux de l’usine de dessalement sur la Grande Côte, à environ 40 km au nord-est de Dakar, ils seront réalisés par la société saoudienne Acwa Power, spécialisée dans la production d’électricité et le dessalement de l’eau, en deux phases de 200 000 m3 d’eau par jour chacune, soit une capacité cumulée de 400 000 m3 d’eau par jour. Il s’agit du dernier PPP signé (le 29 mars 2024) par Macky Sall en tant que président du Sénégal.
Inès Magoum