« L’avenir que nous construisons ensemble : croissance partagée, durabilité et solidarité ». C’est le thème du tout premier Sommet Corée-Afrique qui s’est tenu les 4 et 5 juin 2024 à Séoul. Au moins 48 pays africains y étaient représentés par des Chefs d’État, de gouvernements et des ministres. Parmi ceux-ci figurent le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (UA).
« À l’heure où l’influence du Sud global est plus grande que jamais, le partenariat avec l’Afrique, dont l’importance stratégique ne cesse de croître, ne représente pas un choix, mais une nécessité. En particulier, l’Afrique se positionne comme un partenaire clé pour la Corée dans la réalisation de son aspiration en matière de politique étrangère à devenir un État pivot mondial. Plus que tout autre continent, l’Afrique abrite la population la plus jeune », indique le gouvernement coréen.
L’exportation des minerais stratégiques en échange du transfert de technologie
Mais Séoul qui s’impose dans la quatrième révolution industrielle, notamment le marché des semi-conducteurs est surtout attiré par le potentiel inexploité du continent africain notamment les minerais stratégiques (30 % des réserves mondiales). Cette coopération devrait lui permettre d’avoir accès au cobalt, au lithium ainsi qu’au platine qui sont des composantes incontournables pour le développement technologique que ce soit dans la fabrication des véhicules électriques ou dans l’industrie militaire.
Ainsi, le Pays du matin frais a annoncé un investissement de 14 milliards de dollars pour « donner l’exemple d’une chaîne d’approvisionnement stable et exploitée durablement ». Ce financement suivra un plan précis conforme aux orientations de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) de manière à fructifier le produit intérieur brut (PIB) continental estimé actuellement à 3 400 milliards de dollars. Cela passera notamment par l’augmentation et la rationalisation de l’exportation des ressources minérales ciblées par les Coréens et le transfert de technologies et des savoirs industriels au profit des jeunes africains.
Un appui financier et technique à la transition énergétique
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a également proposé à l’Afrique du Sud et au Kenya l’expertise technique coréenne respectivement pour la construction d’un système de stockage d’électricité par batterie et la centrale géothermique d’Olkaria. Séoul prévoit de renforcer la « collaboration pour la construction de routes, de chemins de fer, d’aéroports et de ports, des systèmes de villes intelligentes » qui sera peaufinée dans les mois à venir.
Cet appui énergétique ne sera pas le premier de la Corée en Afrique. Ce pays de l’Asie du Sud-Est est un partenaire de premier plan au Nigeria où il finance depuis 2022 (12,4 millions de dollars) l’installation de mini-réseaux solaires pour accélérer l’électrification en zone rurale. La Korea Polytechnic University, ainsi que les fournisseurs d’énergie S&D Powernics et ILJIN Electrics y apportent leur expertise dans l’installation de lignes de transmission et de distribution, la fourniture d’équipements et de systèmes électriques, et une formation pour l’exploitation et la maintenance.
Benoit-Ivan Wansi